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 fils d'un chevalier romain, et encore d'un chevalier d'origine provinciale,
 un Arlésien. Il est vrai que, de ce côté, il avait « du foin dans ses bottes »,
comme nous dirions aujourd'hui : il était gente paterna peîîitus, c'est-à-dire
fourré, rembourré, capitonné par la richesse acquise de son père ; et, même
environné de sauvages, il entendait déployer le faste de sa récente fortune.
       Les auteurs de la Prosopographia imperii romani n'ont éprouvé aucune
peine à identifier ce fils de parvenu arlésien 1. Il s'agit de Pompeius Paulinus
qui fut legatus Aug(usti) pr(o) pr(aetore) de Germanie supérieure en 56 2,
acheva, comme tel, la construction de la digue de la rive gauche du Rhin,
commencée soixante-trois ans plus tôt par Drusus 3, et assista, sans y pren-
dre part, aux luttes terribles où s'épuisèrent, à cette époque, les barbares de
la rive droite^ puis, fut appelé, en 63 ap. J.-C, à siéger dans la commission
des trois consulaires constituée par Néron pour réorganiser les finances de
l'Etat 5. Le personnage n'aurait pu être investi d'aucune de ces deux mis-
sions s'il n'avait été consul au préalable, par conséquent dès 55, au plus
tard 6 ; et, avec lui, Arles accède à la plus haute des magistratures léguées
par la République romaine à l'Empire, à une date qui atteste la rapidité de
son assimilation et la supériorité sociale de son élite : l'Afrique attendra
pareil honneur jusqu'en 80 7, et, en Gaule même, le Nîmois T. Aurelius
Fulvus, le grand-père d'Antonin le Pieux, ne s'y élèvera que trente ans
après l'Arlésien Pompeius Paulinus, le fils 8 .

      1. Prosopographia imperii romani, III, p. 69, n° 479.
     2. La date résulte du fragment épigraphique découvert à Crémone et publié par F. Barnabei dans les
Notizie degli Scavi, 1887, p. 221.
     3. Tac, Ann., XIII, 53 : Paulinus Pompeius ea tempestate exercitui [Germanico praeerat]... inchoatum ante
très et sexaginta annos a Druso aggerem coercendo Rheno absolvit. Le calcul de Tacite est sûrement erroné ;
car Drusus est mort en —9. Mais cette erreur a l'avantage de prouver que nous n'avons pas lieu d'opposer au
témoignage de l'inscription de Crémone le récit annalistique de Tacite qui n'aborde que sous le consulat de
Néron et Valerius Messala, soit en 58, une série d'événements qui ont dû se passer en Germanie depuis la fin
de 55 jusqu'en 58.
     4. Tac, Ann., XIII, 54 et suiv. On trouvera tous les textes de Tacite le concernant dans Fabia, Onomas-
ticon Taciteum; Lyon, 1900,952.
     5. Tac, Ann., XV, 18.
     6. Au plus tard en 55, puisqu'en 56 Paulinus est légat de Germanie. De toute façon je crois, en 55,
comme L. Antistius Vêtus que nous retrouvons en 56 légat de Germanie inférieure (Tac, XIII, 11 et 53).
     7. Cf. J. Carcopino, C. R. Ac. Inscr., 1914, p. 36.
     8. En 85 ; cf. Realencyclopâdie Pauly-Wissowa, s v.° Aurelius Fulvus, II, c. 2492. Il est toutefois à consi-
dérer que Vienne avait devancé Arles, puisque Valerius Asiaticus, originaire de cette ville, avait obtenu un
premier consulat sous Caligula, et un second consulat avant sa chute, en 48 (cf. Tac, Ann., XI, 1 à 3, et
C. I.L., XIII, 1668), et que Nîmes avait bientôt rejoint Vienne, si l'on doit admettre le renseignement donné
par saint Jérôme (ad Ann. Abraham, 2062) sur l'origine du grand orateur Cn. Domitius Afer, préteur en 25
(Tac, Ann., IV, 52) et consul en 39 (Cass. Dio, LIX, 20). Sur l'entrée des Gaulois au sénat romain, cf.
Lully, De Senatorum romanorum patria ; Rome, 1918, p. 182.