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 il est vrai, d'une propriété fiscale dont le sort n'a plus changé après que la
 mort de Matidie la Jeune l'eut, par voie d'héritage, transférée au Prince, a pu
 se produire, plus aisément encore, dans un pays latinisé jusqu'aux moelles,
 comme la Provence I. Et, s'il était établi que, demeurée une région de
 latifundia au Bas-Empire comme aux origines de la colonisation romaine à
 Arles, la Camargue n'a pas cessé, dans l'intervalle, de compter parmi
ses propriétaires des membres de la famille à laquelle appartenait A. Annius
 Camars, non seulement nous pourrions, sans paradoxe, combler le fossé
 chronologique qui se creuse entre l'époque des Flaviens où ce personnage a
 vécu et le Xe siècle où, pour la première fois, apparaît, dans les chartes du
 moyen âge, le nom de la Camarica ou Camariga 2, mais l'hypothèse émise
par Mowat, adoptée sans trop d'enthousiasme par M. L. A. Constans, tour-
nerait à la certitude.
       Or, telle paraît bien être la vérité.
       Au Bas-Empire, la physionomie de la Camargue est celle d'une con-
trée d'élevage aux mains des clarissimes.
       En 399, Symmaque songe à pousser son fils dans la carrière et compte
le faire désigner, dès 400, pour la préture.Il convient que le jeune Q. Mem-
mius Symmachus produise à Rome, pour s'y faire honneur, des quadriges
magnifiquement attelés. Son père l'a donc envoyé en Espagne, sous
la conduite de quelques serviteurs d'un dévouement et d'une probité
éprouvés, avec la bourse bien garnie, dans l'intention d'y acheter
des chevaux de prix dont la beauté lui conciliera la faveur populaire.
Mais il y a loin pour rentrer à Rome; et, de peur que les pur sang n'y arri-
vent fourbus, Symmaque imagine de couper la longue étape en deux an-
nées et de faire hiverner la cavalerie de son fils à mi-chemin entre l'Espagne

las, XV, 83) et d'un Castellum Matidianum (Bull. Arch. Comm., 1906, p. CCLXI; Gsell, Atlas, XV, 82).Le
site de Paccianis Matidiae ressemble à celui de Rusubbicari Matidiae ; et dans la plaine de Bordj-bou-Ar-
réridj subsiste un lieu dit Matatidje que Poulie a dérivé du nom de Matidie (ap. Gsell, Atlas, XV, 82) et
qu'il est impossible en tout cas de ne pas rapprocher de la Mitidja.
      1. Sur les survivances onomastiques dans la toponymie cadastrale romaine, cf. F. G. de Pachtere, la
Table de Veleia; Paris, 1920, p. 56 et 60.
      2. Callia christiana novissima, n° 241 (cf. Callia christiana, I, 600) : Et est ipsa terra in insula Camarigas
(en 920) ; — cf. dans Benjamin Guérard, Carlulaire de Saint-Victor-de-Marseille, I, 654, le texte de la
guirpicio de Camaricas du 2 janvier 978 ou 984. La Crau, qui, vers la même époque, apparaît dans les textes,
sous le nom de Cravum, s'appelait encore, au temps de Grégoire de Tours (IV, 44), comme à celui de Pline
 (N. H., III, 34), la Champagne pierreuse : Campi Lapidei (Pline) ;Lapideum campum... tum de pecoribus
quam de de hominibus (Amo) denudavit (Grégoire deTours). Cette dernière citation réserve à la Crau les
troupeaux de petit bétail : pecora. C'est dans la Camargue, et non dans la Crau, qt e s'élevaient chevaux et bovins.