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 190                       MICHEL DUMAS

 conseilla de ne pas se remettre trop vite à la peinture,
 mais auparavant de visiter et d'étudier les maîtres : « Allez
  d'abord rendre hommage, lui dit-il, à Raphaël et à Michel-
 Ange, ces portions de Dieu. »
     Dumas fit ces visites avec une sorte de piété. Pourtant
  il n'était pas d'une nature à extases. Son enthousiasme, si
 réel, était sérieux et, si j'ose dire, calme, bien que l'expres-
 sion semble contradictoire. Il était alors dans la fleur de la
 jeunesse, élégant, bien pris, et tel qu'on peut le voir dans
 le portrait qui, grâce à la générosité de M. Monnier, est
 actuellement au Musée de Lyon. Ceux qui l'auraient seu-
 lement connu vieillard ne pourraient croire que ce jeune
homme qui, en dépit des différences de costume, fait
 songer vaguement à un Italien détaché d'un tableau du
xvie siècle, soit le même personnage.
     C'était ce qu'il fut toujours, un cœur chaud et fidèle en
 amitié, envers et même contre tous. Sa bonté le retenait
toujours sur la pente de la médisance; jamais on n'a entendu
de lui un mot méchant ou seulement désobligeant. Aussi je
ne lui ai jamais conau d'ennemi. Ces qualités lui valurent
à Rome de solides et précieuses amitiés. Un ancien cama-
rade des Bonnefond, des Orsel, des Léopold Robert,
M. Bodinier, artiste non sans talent, mais surtout homme
de bien, offrit à Dumas les moyens d'exécuter son grand
tableau des Adieux des apôtres Pierre et Paul, auquel il rêvait
déjà.
     En attendant, l'artiste commença Y Ange en deuil (3), le
premier de ses ouvrages datés de Rome. Un ami qui habite

   (3) Ce tableau parut à l'Exposition de la Société des Amis des Arts,
en 1841 ou 42, sous le titre de l'Ange de la terre. A la mort de Dumas
le tableau était encore dans son atelier. (Note de la Rédaction).