page suivante »
PEINTRE LYONNAIS I9I
Rome nous raconte à ce propos une singulière méprise de
l'artiste. Il avait placé les ailes à l'envers. Son excuse est
sans doute que les anges ne descendent pas pour poser. Sur
l'observation qui lui fut faite, il retourna les ailes, non sans
fureur contre lui-même de son lapsus.
L'ouvrage accuse du progrès sur Agar. Il y a plus de
largeur dans le faire, plus de franchise dans la lumière. On
y voit poindre un défaut dont Dumas ne s'est jamais com-
plètement dégagé. Les extrémités de la toile, les accessoires
les plus éloignés, sont traités avec le même soin et la même
exactitude que les parties essentielles. Ce manque de subor-
dination dans les diverses parties du tableau est la faute
d'un excès de conscience.
De la même époque date- le portrait de la jeune com-
tesse Elie de Gontaut. Ce portrait, au visage ovale et
raphaèlesque, est très noble, très distingué, d'un dessin
très cherché, d'une ressemblance heureuse et sereine ; la
pose est aisée et naturelle. Quoi qu'il en soit de ces rares
qualités, on a pu reprocher à cette toile de manquer quelque
peu de grâce et de lumière.
Dumas peignit par la suite plusieurs autres portraits de
jeunes dames, sans pouvoir jamais, malgré la plus forte
application, réussir complètement. Son dessin serré et pré-
cis ne convenait pas à la reproduction de la jeunesse fémi-
nine, qui exige de la vivacité, beaucoup de grâce et une
souplesse infinie. Les sujets graves, religieux, rentraient
beaucoup mieux dans ses moyens. Là , il était à son aise,
tout à fait dans son élément.
Jacob devant Laban, tableau destiné à faire pendant Ã
Y Agar, fut peint à la même époque et figura à l'Exposi-
tion de 1841. Il se trouve aujourd'hui dans le Jura, chez