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LES GLACIERS DU LYONNAIS 25 une grande somme de travaux sont encore nécessaires. Pourtant, dès aujourd'hui, on peut montrer, par une hypo- thèse, qu'il n'est pas nécessaire d'admettre un grand froid ni de grands bouleversements cosmiques pour concevoir que les glaciers aient pu descendre jusqu'à Lyon et jusqu'à Constantine. Supposez les plaines aujourd'hui brûlantes du Sahara submergées sous les eaux de cet ancien lac Triton, que les géographes latins prétendent avoir persisté jusqu'au com- mencement de notre ère. Vous n'aurez plus nos vents brûlants et desséchants du midi ; vous n'aurez plus le fœhn, sans lequel les montagnards prétendent que le soleil ne pourrait jamais fondre les neiges de l'hiver; mais du sud comme de l'ouest vous arriveront des vents chargés d'hu- midité, c'est-à -dire des pluies ou des neiges incessantes et considérables. Supposez qu'en outre les jeunes Alpes,, tout nouvellement sorties des entrailles du sol, aient à peu près le double de la hauteur que nous leur connaissons aujour- d'hui, ainsi qu'on l'admet généralement. Elles s'opposeront comme une infranchissable barrière au passage de ces vents, et condenseront jusqu'à la dernière goutte toutes les va- peurs dont ils seront chargés. Il en résultera que leurs sommets se couvriront, durant l'hiver, d'une quantité de neige beaucoup plus considérable que celle qui pourra fon- dre chaque été. Cette neige, la pesanteur l'entraînera len- tement vers les vallées, où la pression la changera d'abord en névé, puis en glacier. Celui-ci continuant à recevoir de la montagne plus de neige qu'il n'en peut fondre dans la plaine s'étendra toujours, jusqu'à ce qu'il arrive à un point où la chaleur du climat fera équilibre à l'abondance des chutes de neige dans les hautes régions. C'est ainsi qu'au- jourd'hui encore, en Nouvelle-Zélande, on voit les glaciers descendre presque jusqu'au niveau de la mer, et amonceler