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CHRONIQUE THÉÂTRALE 75 Corneille, de Regnard, de Beaumarchais, de Musset, la de- meure de MM. Augier, Dumas, Sardou et des grands maî- tres de l'art dramatique à notre époque. Nous pouvons être sûrs maintenant que l'opérette, 'qu'il ne faut pas oublier pourtant, car ce serait méconnaître le goût de certains, sera remis à sa juste place et n'occupera plus l'affiche comme précédemment, les trois quarts de l'année. Le public lyonnais, dont on avait faussé les ten- dances depuis quelque temps, mais qui a gardé encore le sentiment des belles choses, a prouvé déjà combien il s'as- sociait à l'entreprise généreuse du directeur de nos théâtres municipaux. Malgré les préjugés répandus comme à plaisir sur les pièces du répertoire classique, et que n'avait pas peu contribué à développer la tactique employée par l'adminis- tration précédente, Molière qui a reparu avec le Dépit amoureux et le Médecin malgré lui, a été salué avec enthou- siasme. Tous les soirs où l'on fête ce grand maître, il semble qu'un parfum de franc rire et de bonne humeur est comme répandu dans la salle. On écoute avec respect, avec amour, cette grande et belle langue d'autrefois. Habitué qu'on était à oublier l'auteur du Misanthrope, il y eut, il est vrai, à la première représentation, ainsi que nous l'avons dit, comme un certain étonnement, et il semblait que l'esprit lyonnais, distrait,avait peine à se ressaisir et à reconnaître dans Molière le plus grand génie de la France, le plus aimé, celui à qui, dans aucun pays, chez aucun peuple, personne n'a pu être comparé. Mais cette première inquiétude a été bien vite dissipée, on s'est vite fait à ces spirituelles saillies, à ces bons mots, à ce dialogue entraînant, à ces scènes, à ces peintures immortelles de notre grand poète comique, et toute la salle a répondu par des bravos répétés, aux accents de la belle et vieille gaîté française, dont les œuvres de Poquelin sont en quelque sorte la suprême incarnation. Après Molière, c'est Racine qui a son tour. Le 12 de ce mois, avec le Dépit amoureux (reprise) et M. de Pourceau- gnac, on donnait au théâtre des Célestins les Plaideurs, et malgré quelques faiblesses dans l'interprétation, disons-le tout de suite, cette charmante comédie a obtenu un véri- table succès. La salle était convenablement garnie, et tout ce que notre ville compte de notabilités dans les arts, dans la presse, dans la littérature s'y était donné rendez-vous. Nous avons remarqué même nombre de magistrats qui, sans rancune, sont venus rire du ridicule dont Racine les a,