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NICE A VOL D OISEAU 377 épines ? Aussi, aux premières effluves du printemps, Nice voit avec effroi deux ordres d'hôtes prendre place au foyer domestique, les grenouilles et les cousins. Les cris roques et 'caverneux De la race batracienne, Dissipent les doux rêves bleus D'une âme placide et sereine; Mais redoute encor l'aiguillon Du moustique, tu peux m'en .croire, Qui, pendant la nuit, de ton front Peut faire une horrible écumoire. Adio, Nizza la bella, s'écriera un beau jour cette brillante volée d'oiseaux de passage.—Ah ! dites plutôt: Au revoir ! gracieuse reine des Alpesfleuries! toi dont le cœur saigne en voyant s'éloigner, d'un pied léger, les chers enfants à qui tu prodiguas si longtemps tous tes trésors et toutes tes ri- chesses ! Que veux-tu ? Toujours le soleil, des fleurs tou- jours, ne voit-on pas là encore la morale du pâté d'anguille du bon Lafontaine ? Oui, la fortune est inconstante 1 De juillet le souffle brûlant, Pauvre Nice, si florissante, Brise soudain ton talisman, Et tes hôtes à tire d'ailes Désertent tes villas si belles ! Le Mont-Blanc, le Rhin, Arcachon A cette phalange dorée De plaisirs toujours altérée Offrent nouvelle attraction. Mais rassure-toi, quand la Tamise et la Newa charrieront d'épais glaçons ; quand tes orangers en fleurs embaume- ront le riant coteau de Carabacel; quand le piston de Trouville et de Vichy aura fait tourbillonner son dernier