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   DEUX MOIS EN ESPAGNE
                      i " Mai 1861

                          (Suite)




                        SÉVILLE

   La collection magnifique des livres de Longa, que je vis
après, m'inspira les mêmes regrets ; quel dommage, me
dis-je, que cette unique réunion de tous les manuscrits
des Indes, si bien classée et si bien exposée dans de si
belles boiseries d'acajou, n'ait ordinairement que trois ou
quatre lecteurs, et ne serve que de galeries de pas-perdus
aux voyageurs qui traversent la ville !
   Séville, dans son hôpital, a ce fameux tableau de Murillo
donné par le peintre même, Moïse faisant jaillir l'eau du
rocher,figurequi, ainsi que celle d'Aaron, ne sortent plus de
la mémoire de celui qui lésa contemplées, et nombre de
vieilles églises avec de magnifiques peintures.
   Cette ville possède les deux colonnes d'Hercule, que l'on
se contente maintenant de n'attribuer qu'à Jules-César, et
qui ornent une petite promenade; la tour d'or, construction
romaine, ainsi appelée parce que Christophe Colomb y
déposa les trésors apportés d'Amérique ; de belles fortifi-
cations, des portes romaines ou gothiques, et enfin son
Alcazar, qui font que l'étranger séjourne volontiers dans
ses murailles. Ce palais des rois Maures est encore plus
 grand que celui de Grenade, mais beaucoup moins bien