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458 LES PEINTRES-SCULPTEURS pour conquérir et exprimer son idéal : le beau dans toute sa splendeur ; d'où il résulte que si le statuaire cherche le caractère, la verve, l'effet et les plans, il s'écarte de son mandat et usurpe celui du peintre : double vérité, dont les chefs-d'œuvre, que vous aimez, vont vous dérouler les preuves. Et d'abord, reconnaissons immédiatement les écoles des peintres vraiment peintres, comme celle des sculpteurs vraiment sculpteurs et qui ont le plus marqué dans l'his- toire des deux arts. Si les écoles Vénitienne, Florentine et Bolonaise sont incontestablement plus peintres que l'école romaine, cette dernière est assurément plus statuaire.— Les vestiges de la peinture grecque nous donnent fortement à penser que les peintres négligeaient l'effet, la couleur et les plans et, par conséquent, étaient plus sculpteurs que peintres; [ils cherchaient le beau dans la ligne pure, et il est fort croyable qu'Apelles, Protogène, Parrhasius et Zeuxis peignaient dans la voie du sculpteur Phidias. Ce qui le donne à pen- ser, c'est l'insuffisance des moyens de la peinture mono- chrome dont nous n'avons que de rares spécimens. En re- vanche, il nous est plus facile de juger la statuaire sur ses chefs-d'oeuvre. Aussi, Praxitèle, Phidias et Polyclète sont-ils vraiment sculpteurs, parce qu'ils ne dévient pas des règles de. la sculpture : les proportions et la ligne ou la forme ; tandis que Lisippe, Agésandre et Apollonius sont plus peintres avec le Locoon et le torse d'Hercule qui réalisent l'effet, la verve, la couleur et tous les moyens de la peinture. Les sculpteurs-nés cherchent le beau-idéal dans le calme et la majesté; les sculpteurs-peintres le cherchent dans la vie, la verve, le caractère, la vérité, et, pour parler le lan- gage moderne, dans le réalisme. Ainsi, le Gladiateur est de