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362               DEUX MOIS EN ESPAGNE

plus de commerce, plus d'industrie ; c'est la cité des ruines,
et le voyageur a hâte de la quitter, après les deux jours in-
dispensables pour en faire la revue.
   Ses alentours sont jonchés de ruines carthaginoises et
romaines ; ici ce ne sont que des tombeaux et des colum-
barium comme aux environs de Rome ; là des palais comme
celui de Serlorius, débris d'une tour romaine dont je ne
garantis nullement les magnifiques souvenirs. L'ancien
palais des rois Maures, le vieil Alcazar, qui n'est plus que
des ruines envahies par les cultures, mais qui conserve
encore quelques jolis bouquets de bois sur les pentes pitto-
resques qui étaient jadis des jardins magnifiques ! L!'Alcazar
nouveau, remarquable par ses arceaux qui touchent à la
promenade, l'allée de Gonzalve de Cordoue, le grand capi-
taine, car cette ville a des souvenirs de tous les âges ; celui-
ci est bien vivant en Andalousie, où vous entendez sans
cesse retentir sa chanson Grand Caballière, Grand Pugna-
terre, etc.), qu'il faut, dit-on, traduire non par le mot
Guerrier comme le voudrait l'analogie latine, mais par
l'homme aux forts poignets, car le peuple de la ville ne voit
dans son héros que cette qualité qui éclipse à ses yeux
toutes les autres. Mais tous ces souvenirs ont besoin du
cicérone. C'est la célèbre mosquée des Arabes, maintenant
la cathédrale de Cordoue, qui est son véritable titre de
gloire.
   Jadis temple carthaginois, à ce que disent les érudits,
temple de Janus sous la domination romaine, église de Saint-
Georges sous les rois Goths ariens, elle fut transformée en
mosquée par Abderrhaman, son véritable créateur, qui en
fit le plus imposant édifice de l'Espagne de son époque.
« Il en traça, dit-on, le plan lui-même, et voulut qu'elle
« surpassât toutes les mosquées que les Abassides avaient
 « élevées à Bagdad.» Il me semble que l'on pourrait induire