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 2éo                     LE THEATRE A LYON

  N'oublions pas que l'auteur dédiait sa brochure à l'Aca-
démie de Lyon. Mais il n'est pas moins galant pour les
Lyonnaises que pour la docte compagnie :

    « Le sexe est ici beaucoup plus beau qu'à Paris. Les femmes y ont de la
fraîcheur, de la grâce et de cette finesse qui rend aimable jusqu'à la lai-
deur. Leurs yeux sont très-expressifs, leurs gestes animés, leur langage
doux et séduisant ; elles annoncent, dès leur plus tendre enfance, un
esprit très-actif... Elles paraissent aimer beaucoup la parure, mais plus
encore la propreté ; c'est donc en elles moins un projet de séduire qu'un
besoin de plaire, qui relève le prix des autres vertus quand il est,comme
ici, contenu dans les bornes de la décence. Les ménages y sont très-
unis... »


   Impossible d'être plus flatteur! Il est vrai que les femmes
de la province étaient mieux conservées que celles de Pa-
ris; elles menaient une vie moins dissipée et faisaient un
usage plus rare ou nul du rouge, qui gâtait vite le teint.
Quant aux vertus domestiques, « la corruption du siècle,
très-intense sur certains points, ne les avait pas ébranlées
aussi profondément qu'aujourd'hui dans la masse de la na-
tion, et l'on s'exposerait à commettre de singulières erreurs
en jugeant toute une époque d'après quelques scandales
éclatants du grand monde ( i ) . » Les Lyonnaises, bien éle-
vées dans quelque couvent, comme le prieuré de Saint-
Benoît, situé quai Saint-Vincent, gardaient généralement le
respect du lien conjugal et le goût de la vie de famille.
« Dans les hôtels du quartier Bellecour, bâtis par une no-
blesse généralement récente, à l'aide des richesses amassées
aux générations précédentes dans le commerce, morcelés
et disparus aujourd'hui devant la cherté croissante des em-


  (i) La vie de province au XVIII5 siècle , par M. Anatole de Gallier,
page 48.