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294               JACQUES DE VINTIMILLE.

                        « VINTIMILLE.

   « Eh quoi ! me fuis-tu donc, cher Maclou ? as-tu quel-
« que funeste pressentiment ? crains- tu de ne pouvoir en-
« visagerd'un œil ferme les prochains désastres de la pa-
trie ?
                          « POPON.

  « Je ne fuis pas ; je m'élève. Je m'efforce, et sans re-
« lâche, de réunir à Jésus-Christ l'âme qu'il m'a donnée.
                         « VINTIMILLE.

  « Tu es heureux, mais non pas moi : car qu'ai-je désor-
« mais à faire de la vie ? La vie, sans toi, n'a rien qui
« me puisse être agréable.
                          « POPON.

  « Epargne-moi ; n'en dis pas davantage. Il faut respec-
« ter la volonté du souverain Maître. Va, ton heure est
« déjà marquée ; tu ne languiras pas longtemps. »

   On le voit, Vintimille pressentait sa fin prochaine. Et
 comme les vieillards aiment à se reporter au temps de
leur jeunesse, il se ressouvint alors des heureuses années
qu'il avait passées à Lyon, dans la famille de son bien-
faiteur. Depuis longtemps déjà, Mathieu, George et Jean
de Vauzelles étaient morts. Vintimille voulut prononcer
une dernière fois le nom de George, et, comme pour pro-
longer la reconnaissance, rendre impérissable le souvenir
du bienfait. Il publia dans le recueil dont nous avons
parlé, moins de deux années avant sa mort, les vers
suivants, qu'il ne prévoyait pas sans doute que la der-
nière postérité de Mathieu pourrait répéter encore après
trois siècles :
Teque, Vozelle, colam, quo nullus charior unquàm,
    Quo ductore mihi est Gallia facta Rhodus.