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                  DO CHEVALIER DE BGUFFLERS.                    307

chaumières de la Lorraine, et si dans ces recherches vous
voulez bien me seconder, je suis certain de réussir. »              Si
vous aviez vu l'ardeur, le feu avec lesquels il prononçait ces
paroles ! l'amour , la passion semblaient déborder de ses lèvres,
et je crois que parmi les dames qui l'écoutaient, plus d'une aurait
ardemment souhaité d'être à la place de la gentille Aline, de la jolie
villageoise.
   La COMTESSE (avec intérêt). Il s'agit, dites-vous, dans ce récit,
d'une jeune fille que M. de Bouffi1 ers aurait, rencontrée dans un
vallon un jour qu'il s'était égaré à la chasse ?
   Le MARQUIS. Comme j'ai eu l'honneur de vous le dire. La scène,
se passe près d'un ruisseau, traversé par un petit pont ; un village
se voit dans le lointain. C'est très-joli, on dirait un décor d'opéra
comique ou un tableau de M. Boucher.
   La COMTESSE (à part). Ce serait par trop singulier (haut) ! Je
serais très-désireuse, marquis, de connaître cette historiette; ne
pouniez-vous pas me (a conter?
   Le MARQUIS, Rien de plus aisé, d'autant plus que j'ai sur moi
le manuscrit. J'ai prié Boufflers de me le confier, dans la pensée
que vous seriez bien aise de connaître une nouvelle dont toute la
ville s'entretient aujourd'hui.
   La COMTESSE. Vous avez eu, marquis , une excellente idée,
donnez vous la peine de vous asseoir et commencez. Je suis tout
oreilles.
   Le MARQUIS (lisant). « Mes lecteurs, je vous avertis d'avance
que c'est pour mon plaisir et non pour le vôtre que j'écris... » Ce
début ne vous semblc-t-il pas tout-à-fait cavalier et digne d'un gen-
tilhomme: «Faquins, dit-il à ses lecteurs,n'allez pas croireaumoins
que je me donne la peine de prendre la plume pour vous être
agréable, vous n'en valez certes pas la peine. Si j'écris , c'est
dans un moment d'ennui, pour me distraire, pour mon propre
agrément, et je me soucie, de vous comme d'une prise de ta-
 bac! »
    La COMTESSE. Cela est peut-être fort bien, mais ces délicatesses
 de style ont besoin, pour être convenablement appréciées, d'une
 lecture calme et attentive ; or, pour le moment, je suis un peu