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144 FONTAJNES. D'autres fois, par un procédé moins commun, l'auteur entraîne le courant jusqu'au sommet d'une colonne, pour qu'elle retombe en chute majestueuse, comme des hau- teurs de la Suisse. C'est ainsi qu'il restitue la colonne du Verseau, si justement regrettée par M. Paul Saint-Olive, ou la colonne étrusque de Vénus Ànadyomène, d'après ses souvenirs d'Herculanum. Parmi les fontaines monumentales, nous ne citerons que le Léman, la France et Lyon. Le Léman s'élève majestueusement au milieu des fleuves et des rivières qui fournissent à son lac le tribut de leurs eaux : quel honneur se ferait Genève en plaçant cette élégante fon- taine dans son île des Cygnes, ou bien à l'autre extrémité de sa mer azurée ! La fontaine de France est un édifice complet, de l'effet le plus grandiose, attendu que le sujet principal y domine sans être noyé dans les accessoires, comme on fait trop souvent. Au sommet brille la statue colossale de la Patrie, couronnée de lauriers -et de créneaux, la Victoire dans une main et le sceptre impérial dans l'autre. Son trône, défendu par un aigle, repose sur un socle que supportent ses quatre grands fleuves : leurs flots s'échappent en masse par de larges orifices, tombent en trois étages et se réunissent en torrents arrondis, à droite dans l'Océan, à gauche dans la Méditerranée. Ce beau monument est fait pour la capitale, puisqu'il a pour horizon les princi- paux monuments de Paris. Mais Lyon ne doit pas lui porter envie, puisque l'architecte dont elle s'honore a destiné aussi un monument à sa ville natale : c'est par lui que s'ouvre l'ouvrage (I,i), et c'est par lui que nous finirons, parce qu'il nous paraît, de tous, le plus original, le plus saillant, le plus capable de laisser dans l'esprit l'empreinte vraie du génie de l'architecte. Un lion gigan- tesque, fier et calme, prêt à dire dans son langage :