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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 399 Les parfums venaient ajouter leurs odeurs a celles des fleurs. On en faisait une consommation immense; on en fabriquait de toute sorte , et on en tirait des pays les plus lointains. Les cosmétiques, a l'usage des hommes et des fem- mes , présentaient une bien plus grande variété que ceux employés de nos jours , et leur vulgarisation dans le monde élégant datait de l'introduction du luxe a Rome. Déjà , avant l'époque proprement dite de décadence , les hommes eux- mêmes n'avaient pas honte de se parfumer. L. Plotius, pros- crit par les triumvirs, se réfugia à Salerne , où il s'était mé- nagé une retraite. Le malheureux continuait à user de par- fums , habitude qui probablement lui semblait un besoin. Les gens envoyés à sa poursuite, guidés par l'odeur, le dé- couvrirent dans sa cachette. 11 fut mis à mort, et Pline, dans un accès d'indignation contre le luxe , trouve que l'homme capable d'une telle mollesse, méritait sa triste destinée. C'est bien intolérant ! Ceux qui se parfument sont simplement ridi- cules dans leur personne et incommodes pour leurs voisins. Les convives, en prenant place sur le triclinium, étaient leur chaussure. Aussitôt des esclaves s'approchaient, et leur faisaient la toilette des pieds, coupant et nettoyant les ongles avec une surprenante habileté. Après cette opération, on parfumait les pieds. On ne se contentait pas d'essences li- quides , promptement évaporées ; il fallait des parfums con- sistants et pâteux. Othon l'efféminé, et le complaisant de Néron, avait enseigné ce raffinement à son maître, qui l'a- dopta, en se faisant enduire la plante des pieds. Martial di- rige une de ses épigrammes contre un personnage de son temps, Fabullus, qui parfumait splendidement son triclinium, mais qui ne donnait presque rien a manger à ses invités. Notre poète compare assez plaisamment les convives a des morts que l'on embaume, et qu'on n'a pas le souci de nourrir. Le luxe des parfums était tellement répandu, qu'il fut