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238 MADEMOISELLE. Mais l'amour peut combler l'intervalle,... et je l'aime. I.AUZUN. Sait-il que vous l'aimez? MADEMOISELLE. Il devrait le savoir, Car mes yeux.... mais les siens semblent ne pas le voir. LAUZUN. Plaignez-le. Le respect le relient, et, sans doute, Au moment de parler, noble et fier, il redoute Que de ses sentiments on n'impute l'ardeur A quelque ambition avide de grandeur, Quand il voudrait, assis à ce rang où vous ôles, Prince, faire pour vous ce que pour lui vous faites, Et vous dire, à vous, pauvre et dans l'obscurité : Que sont mes titres vains auprès de ta beauté? De ces titres sans toi la splendeur m'importune : Aime-moi, sois mon nom, mon orgueil, ma fortune! Sans toi je ne suis rien, rien qu'un prince : aime-moi, Et que ton noble amour m'élève jusqu'à toi. Veux-tu qu'une retraite inconnue et profonde Cache notre bonheur? Cherchons un coin du monde Où nous vivrons heureux et seuls. Préfères-tu Les plaisirs de la cour et ses pompes? Yeux-tu Qu'avec respect d'en bas la foule te contemple? Que ton nom soit un culte et ta demeure un temple? Que d'hommages, de fleurs on sème ton chemin ? Viens, je puis te donner ce bonheur, et demain Tu seras... MADEMOISELLE. Achevez! LAUZUN. A quoi bon que j'achève? Je m'égare... Pardon, Madame,... c'est un rêve.