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                       MADEMOISELLE.
Mais l'amour peut combler l'intervalle,... et je l'aime.
                         I.AUZUN.
Sait-il que vous l'aimez?
                      MADEMOISELLE.
                          Il devrait le savoir,
Car mes yeux.... mais les siens semblent ne pas le voir.
                         LAUZUN.
Plaignez-le. Le respect le relient, et, sans doute,
Au moment de parler, noble et fier, il redoute
Que de ses sentiments on n'impute l'ardeur
A quelque ambition avide de grandeur,
Quand il voudrait, assis à ce rang où vous ôles,
Prince, faire pour vous ce que pour lui vous faites,
Et vous dire, à vous, pauvre et dans l'obscurité :
Que sont mes titres vains auprès de ta beauté?
De ces titres sans toi la splendeur m'importune :
Aime-moi, sois mon nom, mon orgueil, ma fortune!
Sans toi je ne suis rien, rien qu'un prince : aime-moi,
Et que ton noble amour m'élève jusqu'à toi.
Veux-tu qu'une retraite inconnue et profonde
Cache notre bonheur? Cherchons un coin du monde
Où nous vivrons heureux et seuls. Préfères-tu
Les plaisirs de la cour et ses pompes? Yeux-tu
Qu'avec respect d'en bas la foule te contemple?
Que ton nom soit un culte et ta demeure un temple?
Que d'hommages, de fleurs on sème ton chemin ?
Viens, je puis te donner ce bonheur, et demain
Tu seras...
                     MADEMOISELLE.
            Achevez!
                         LAUZUN.
                      A quoi bon que j'achève?
Je m'égare... Pardon, Madame,... c'est un rêve.