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233 Je vivrai... Quant à vous, soyez libre; courez A ces plaisirs menteurs dont vous vous enivrez, Les rapides amours, et les jeux et les fêtes. Du mal que j'en ressens, du tort que vous vous faites, Je ne me plaindrai plus... Aimez, suivez aussi Lauzun, ce parvenu... ARMANDE, effrayée. Monsieur!... MOLIÈRE. Personne ici N'entend... Ah! j'oubliais... pardon, pardon, Madame : J'ai promis d'enfermer la douleur dans mon ame. Mais cet homme entre tous m'irrite ; il m'a blessé D'un trait mortel... ARMANDE. Monsieur!.. MOLIÈRE. Pardon!., oui, je le sai, Toute femme en est folle, et c'est là votre excuse. Moi, lutter avec lui!., non, non, je me récuse: Lui, brillant, jeune... et moi, flétri par la douleur, Moi, bientôt un vieillard! car c'est là mon malheur! On ne saurait aimer un vieillard, quoi qu'il fasse. Ah! sous la main du temps tout charme en nous s'efface... Mais le temps n'éteint pas tout amour allumé. Pourquoi donc ce tourment d'aimer sans être aimé! Demandez à Chambord le mot de ce mystère. François premier longtemps y vécut solitaire, Triste an sein des plaisirs, cherchant partout, toujours, Un cœur simple et naïf pour charmer ses vieux jours. Nul cœur ne répondit à ses dernières flammes : Toutes venaient à lui, mais les corps, non les âmes. On se donnait au roi, l'homme n'obtenait rien, Car cet homme était vieux, comme moi vieux... lié bien! [Il montre du doigl l'oratoire)