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                         A RM AUDE.
Vous me dallez...
                          MOLIÈRE.
                    Non, non, parfaitement joué...
                        ARMANDE.
Je ne mérite pas...
                          MOLIÈRE.
                      Si fait.
                         ARMANDE, à part.
                                      Dieu soit loué!
Il ne soupçonne rien.
                          MOLIÈRE.
                              Une scène charmante !
Et qui vous fait honneur. Soit amant, soit amante,
Vous prenez à ravir l'air de la passion...
Et, tenez, vous tremblez encor d'émotion.
Oh! l'actrice est en vous parfaite!., mais la femme!..
Mon amour n'a jamais ainsi touché votre ame,
D'un accent si profond fait vibrer votre voix,
Et jeté dans vos sens ce trouble où je vous vois.
Oh ! feignez donc aussi pour moi !.. que votre adresse
Voile au moins vos froideurs d'un semblant de tendresse !
Par un mensonge enfin répondant à mes vœux,
Dites que vous m'aimez... Trompez-moi... je le veux.
Mon Dieu ! n'aurai-je point, une fois dans ma vie,
A mon tour, une part à ces biens que j'envie :
Un regard caressant attaché sur le mien,
Des mots d'amour éclos dans un mol entretien,
Mots toujours répélés et qui jamais ne lassent ;
Une étreinte où les cœurs comme les bras s'enlacent.
Si ce bonheur si grand m'avait élé donné,
Que j'aurais sans regret à l'oubli condamné
Une vie aujourd'hui si troublée et si sombre !
Le bonheur est-il moins bonheur caché dans l'ombre ?
L'envie eût ignoré mes jours et, près de vous,