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dis-je, démontrent le retard des torrents accessoires par rap-
port au torrent principal, et se conçoivent d'après les inter-
valles de temps qui ont dû s'écouler entre l'arrivée des uns
et des autres, suivant l'éloignement de leur point de départ dans
les Alpes. Il en résulte naturellement que la grande con-
vulsion diluvienne peut être divisée en plusieurs accès
dont le progrès se laisse aussi bien apercevoir dans la suc-
cession des dépôts erratiques que dans les dispositions respec-
tives des découpures du sol.
    Quoiqu'il en soit de ces accidents de détail, l'ensemble du
 courant, contenu jusqu'à Avignon entre des parois latérales
 dont l'écartement varie entre 44 et 70 kilomètres, a pu
 s'élargir rapidement sur les pays bas méditerrannéens. Il a
 donc perdu dès-lors quelque chose de sa hauteur et de sa
puissance érosive, et de là résultent probablement une partie
 des dépôts qui ont formé les grandes îles du Bas-Rhône et spé-
cialement le Delta de la Camargue. Cependant les faits furent
encore une fois compliqués par un de ces courants transver-
saux sur lesquels nous venons de fixer l'attention. Celui-ci
s'est précipité du haut du Mont-Genèvre, en semant sur les
plaines de la Crau, ce prodigieux cailloutis, dont nos ancê-
tres ont expliqué la formation à l'aide d'une pluie de pierres,
lancée par Jupiter venant au secours de son fils Hercule;
imagination qui, toute poétique qu'elle soit, n'en fait pas
moins ressortir la grandeur du phénomène, puisque le con-
cours du plus puissant des dieux leur a paru nécessaire pour
en rendre raison. La nature des roches, de plus en plus tri-
turées, suffit pour démontrer que la force d'impulsion qui
animait celte masse d'eau, lui a permis de prolonger son
cours depuis la Provence jusque dans le Languedoc vers
Montpellier, bien qu'elle n'eût aucun encaissement du côté
de la mer, et c'est ainsi qu'elle a concouru avec le grand