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474 Ce conservatoire d'oulils et de machines de tout genre devint une seconde fondation dans la fondation du Major-Général. « Elle sera une des plus grandes ressources qui aient jamais existé dans l'étude des arts mécaniques. Cette immense collection fournit les moyens de compléter l'enseignement en action par la démonstration de tous les outils principaux, de toutes les machines utiles que l'intelligence de l'homme a appelés au secours de sa faiblesse (1). « A ces trésors, Eynard joignit encore le don du cabinet de physique de M. Tabareau , dont il fil l'acquisition de ses propres deniers. Entouré de la vénération que lui avaient mérité ses services, visilé dans sa retraite par les savants étrangers, tes illustrations qui traversaient notre ville, Eynard était parvenu à un âge très-avancé sans avoir subi aucune des incommodités de la vieillesse. « J'élais, répétait-il souvent, d'une faible organisation , et ce n'est que par une vie sobre et régulière que je suis ar- rivé à une vieillesse exempte d'infirmités » Doué d'une stature élevée, il avait conservé toute la rectitude de sa taille ; ses organes avaient gardé une partie de la puissance que l'âge leur enlève presque toujours. Je me souviens, il y a une année à peine , l'avoir vu lire encore par le seul secours de ses yeux. Son jugement était ordinairement sûr dans l'appr, dation d'un fait; mais je dois le dire , il ne rendait pas à notre Jacquard pleine justice; il lui refusait le mérite de l'invention de son admirable métier, qui cependant lui appartient d'une manière incontestable, comme l'a démontré M. Grognier. Eynard est un de ceux qui ont le plus contribué à propager l'idée con- traire. Son esprit, plein de finesse, manquait peut-être d'érudition pour les choses étrangères aux applications industrielles. J'émets en ce point le juge- ment d'un homme instruit, qui a été un grand nombre de fois en contact avec Eynard. Le travail ue fut jamais pour lui une nécessité de position , mais un besoin d'organisation. S'il n'était pas dans sa destinée d'attacher son nom à une de ces grandes conceptions qui décèlent le génie , et qui ne sont le partage que de quelques hommes exceptionnels , il devait signaler son existence par une série de productions et de recherches toujours utiles et souvent originales. Jusqu'à présent je n'ai fait connaître Eynard que comme homme de science, consacré au bien public , qui a été pour lui une élude de tous les jours; une seule fois je suis entré dans sa vie privée , pour en rapporter un fait malheureux, son divorce avec Mlle Louise de Sauvebœuf. Cet acte a été- dans la suite le point de départ, le prétexte d'insinuations fâcheuses, d'accu - ( i ) Extrait d'un discours de M. Prunelle, maire do Lyon , prononcé dans la séance d'instal- lation de la Martinière , en i83. 7 .