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430 se redressait de toute sa taille d'homme; dans cette nou- velle attitude si pleine de rage et d'énergie, il y avait toute la différence du travail à l'anarchie, de la résigna- tion à la révolte, —Adieu, Jacques, va trouver ton oncle Pierre, il est chef d'atelier, lui; il n'a pas d'enfant, il pourra te nourrir; m o i , je vais vous venger. Et Lefêvre embrassa, son fils , et il s'élança dans la rue comme un forcené, L'enfant le suivit. Tant que le canut combattit, l'enfant fut à ses côtés; enfin, poursuivi par un groupe de soldats, il se trouva face à face avec le Rhône; alors il jeta un regard en ar- rière , son pauvre enfant était encore là ; il ne l'avait pas quitté. — A d i e u , Jacques; sois honnête homme, et va voir ton oncle Pierre ; et le vieux canut se précipita dans les flots. Jacques se traîna à terre pour l'arrêter ; son père le repoussa rudement, et la première dureté qu'il avait à se reprocher envers Jacques fut ce qui sauva l'enfant. Les soldats firent une décharge, Lefêvre fut atteint au moment où il tombait dans le fleuve; il ne reparut plus. On voulut frapper Jacques ; mais un homme enveloppé dans un long manteau me sauva < dit en achevant le petit , lyonnais 5 une balle m'avait effleuré l'épaule, il me donna son mouchoir pour en étancher le sang, et puis il me chassa. J'ai toujours gardé ce mouchoir, il ne me quittera jamais; il y a une S dessus,-^ Serizan interrompit l'en- fant, l'embrassa avec effusion, et murmura tout bas: «C'était moi. Il ajouta : Et ton oncle Pierre?-^-11 est jnort. ~rr- Et comment ? —- Les ouvriers l'ont tué, —- Les malheu- * reux! l'assassiner! Et t o i , que fais-tu depuis ce temps P^— J e mendie, - ^ Sois tranquille, Jacques, j'aurai soin de toi. Et laissant Jacques prés du feu, le capitaine sortit. Le jour commençait i» poindre. Il alla chez son colonel., y