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se redressait de toute sa taille d'homme; dans cette nou-
velle attitude si pleine de rage et d'énergie, il y avait
toute la différence du travail à l'anarchie, de la résigna-
tion à la révolte, —Adieu, Jacques, va trouver ton oncle
Pierre, il est chef d'atelier, lui; il n'a pas d'enfant, il
pourra te nourrir; m o i , je vais vous venger. Et Lefêvre
embrassa, son fils , et il s'élança dans la rue comme un
forcené, L'enfant le suivit.
   Tant que le canut combattit, l'enfant fut à ses côtés;
enfin, poursuivi par un groupe de soldats, il se trouva
face à face avec le Rhône; alors il jeta un regard en ar-
rière , son pauvre enfant était encore là ; il ne l'avait pas
quitté. — A d i e u , Jacques; sois honnête homme, et va
voir ton oncle Pierre ; et le vieux canut se précipita dans
les flots. Jacques se traîna à terre pour l'arrêter ; son père
le repoussa rudement, et la première dureté qu'il avait à
se reprocher envers Jacques fut ce qui sauva l'enfant.
Les soldats firent une décharge, Lefêvre fut atteint au
moment où il tombait dans le fleuve; il ne reparut plus.
    On voulut frapper Jacques ; mais un homme enveloppé
dans un long manteau me sauva < dit en achevant le petit
                                      ,
lyonnais 5 une balle m'avait effleuré l'épaule, il me donna
son mouchoir pour en étancher le sang, et puis il me
chassa. J'ai toujours gardé ce mouchoir, il ne me quittera
jamais; il y a une S dessus,-^ Serizan interrompit l'en-
fant, l'embrassa avec effusion, et murmura tout bas:
«C'était moi. Il ajouta : Et ton oncle Pierre?-^-11 est jnort.
~rr- Et comment ? —- Les ouvriers l'ont tué, —- Les malheu-
                                                   *
reux! l'assassiner! Et t o i , que fais-tu depuis ce temps P^—
J e mendie, - ^ Sois tranquille, Jacques, j'aurai soin de toi.
  Et laissant Jacques prés du feu, le capitaine sortit. Le
jour commençait i» poindre. Il alla chez son colonel., y