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110 De telles parolles il n'y a personne qui ne coniecturast que c'estoit quelque farce ridicule, vn fessennin ou attelane, quelque mommerie et charlatterie où les pantalons s'entre- chocquoyent aux despens de la dévotion et reuerence des choses sainctes. Malignité et fausseté impudente! Vous auez veu ( messieurs) comme tout s'est passé ; y auez-vous rien noté qui ne fust graue et modéré ? Rien que de deuot et con- uenable à la maiesté de l'histoire et du suiet du iugement vni- uersel qui se representoit. Quel mot de gueule y a on ouy? Quel parasite ou mime y a esté remarqué ? Quel geste dissolu ? Quelle action légère? Je scay de bonne part que plusieurs ont esté excités à mieux vivre, voyant en ceste action quelques de- linéaments de ce qui doit arriuer au dernier iour. En suitte de cecy il fait subtilement ce de quoy il accuse proditoirement les iesuites, tournant en risée tout ce qu'il y a de plus severe et espouuentable en notre saincte créance. Il appelle drôlerie ce qui fut représenté d'horrible selon la nécessité du sujet, touchant les diables et les damnez ; et pour cela il cite son resueur Gamerarius, ne faisant qu'vne pure drôlerie de tout son recit^ drolant partout, et gaussant en vray Luciau : puis donnant le vent à ses mensonges, il parle ainsi : « En ceste Comédie il y auoit diuers personnages, entre « autres vn dieu iesuitique, et en après vn Iesus Christ à sa « dextre. » Qu'est ce mentir (Messieurs) si cela ne l'est? Vous sauez qu'en toute l'Action aucun ne fut veu qui representast la per- sonne de Dieu, comme distincte de celle de Iesus Christ, et qu'vn seulement exhiba celle de Iesus Christ comme de Dieu et homme., iuge des vivans et des morts. Ce menteur deuoyé est, peut estre, quelque Nestorien, distinguant en Iesus- Christ deux personnes, aussi bien qu'il y a deux natures : et en ce plus que Nestorien il s'imagine qu'au iugement vn siège sera donné à la divinité, et l'autre à l'humanité de Iesus Christ. Car si telle n'eust esté sa pensée, comme auroit-il