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67 gélatton , enfantant le g é n i e , comme le fruit splendide de la sève commune. L'arbre , certes^ n'est pas mort, mais les générations pré- sentes ont poussé le long de ses r a c i n e s , frêles r e j e t o n s , se disputant l'air et la place au soleil, arbustes solitaires, accomplissant leur vie végétative. Où est la fleur lumineuse dont le parfum réjouissait la terre? où est l'artiste , fruit de la sève humaine , auquel tous venaient mordre pour désal- térer la soif de leur intelligence? Cherchez-le parmi les brous- sailles du chemin; à peine si le passant daigne jeter sur lui un regard d'ignorante curiosité. C'est que bien peu comprennent que l'art est une question sociale , dont la solution ne peut pas s'isoler de toutes celles qui s'agitent dans les entrailles de la société actuelle, et que sur ce point, comme sur les autres, nous sommes (le terme est consacré) dans une époque de transition.— Temps de dé- composition qui doit nous conduire à de merveilleuses des- t i n é e s ! — Travail laborieux, semé de douleurs et d'avorte- ments , que les Sl-Simoniens ont caractérisé avec leur déno- mination d'époque critique ; et dans cette transformation qui s'élabore, la mission de l'artiste est g r a n d e ; car il lui a été donné d'agir sur tous les sens de l'homme. Le prêtre ou le philosophe parlent à sa raison, le poète soulève les émotions du cœur et lui révèle les pensées les plus intraduisibles. Le prêtre est à demi-mort sous les ruines de la foi affaiblie , le philosophe a parcouru jusqu'au plus petit sentier du raison- n e m e n t , et chacun de ses pas rencontre l'empreinte de pas antérieurs ; le poète seul monte si haut, qu'il découvre l'ho- rison sans borne de l'infini, et peut-être sera-t-il le messa- ger de la bonne nouvelle! Vous trouverez sans d o u t e , mon cher a m i , et vous aurez raison, qu'à propos de la Société des Amis des Arts , je m'en- vole aussi dans les champs de l'infini. C'est que j'aurais voulu lui communiquer un sentiment plus complet de la mission qu'elle s'est donnée. N'est-ce pas se réduire à bien peu que