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120 auoir sceu proprement accommoder la Bible à la poësie, et la poësie à l'echafaut, et tous deux à vn honneste plaisir et instruction. Aussi estoit-ce le commun désir de tous les an- ciens Pères, de Sainct Cyprien, Sainct Augustin , Sainct Chry- sostome, Lactance, Arnobe, Tertullien, qui avec tant de vé- hémence ont inueçtiué contre les spectacles payens , ne ces- sant de souhaitter que lesus Christ gaignast l'Orchestre aussi bien que le Palais, l'Hypodrome (1), aussi bien que le camp, les Arènes aussi bien que le Temple, que tout fut à luy, et que par dessus tout flambast sa croix victorieuse. Les, choses sainctes , dit S. Hierosme , doiuent estre perçeues et par les yeux et par les oreilles. Et quant à ce qui touche le Iugement duquel il est maintenant question^ on remarque que Tertullien qui a vescu il y a plus de 1400 ans en a forny le parfait argu- ment aux Iesuites en ces termes : « Mais quel spectacle au ehrestien, dit-il, est l'aduenement « voisin du seigneur, ia cogneu, ia glorieux et triomphant* « quelle exultation des Anges, quelle gloire des Saincts res- « suscitans , quelle le royaume des Justes, et la nouvelle cité « de Hierusalem? De pareille représentation nous est ce grand « et dernier Iugement, cest inespéré aux nations, et mocqué « d'icelles. Lorsque tant et tant de siècles et générations « seront consumées d'un feu. Vrayement il y a bien là que « voir et regarder, etc. (2). » Ainsi parlait cest ancien au temps iadis., fornissmt de sujet (1) Lisez Hippodrome ; c'était le lieu destiné pour les courses de. chevaux. (2) « Quale autem spectaculum in proximo est, adventus domioi,jam indu- bilali;jam superbi, jam triuoihhantis! Quaciila exultatio Angelorum, qua; gloria resurgentium sanctorum, quale regnum exinde justorum. qualis civi- tas nova Hierusalem ! 4t enim supersunl alia spectaculo : Me ultimus et per- petuus judicis dies, ille nationibus insperatus, ille derisus , cum tanta se éuli vetustas, et tôt ejus nativitas uno ignehauricntur! Qnaj tnnc spectaculî latitudo ! Quid admirer? Quid redeam? Ubi guadeam? Ubiexultera ? De spec- taculis, XXX. » S'ils eussent été moins connus, nous aurions rapproché do cet admirable fragment les beaux vers de Louis Racine qui se trouvent dans le VIe chant du poèmo de La Religion.