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 la justice de la base de l'impôt, il en démontre l'arbitraire en demaudant
  à l'autorité des garanties pour les contribuables ; il veut que chacun puisse
 s'édifier , si la cote qui lui est présentée est régulière , et non pas déterminée
 par le simple caprice d'un employé. Il cite avec esprit, à ce propos, la ré-
 ponse du commis chargé de ce travail, qui justifiait l'augmentation imposée
 par ces mots : Que voulez-vous , nous avions 140,000 francs ù retrouver !
    11 reproche à l'autorité de vexer, d'dcorcher les vivants pour béatifier la
 postérité. Il donne des préceptes d'administration : « Un magistrat ne doit
 pas prétendre refaire une ville dans le cours d'une mairie ; il faut chercher
 à grossir la caisse municipale par des économies bien entendues, par des
 moyens légitimes, et non par des actes de vandalisme. » Ici encore il re-
proche et rappelle la vente des anciens métiers déposés au Conservatoire.
    Un anonyme, que toute la ville connut, prit fait et cause pour l'administra-
tion municipale , attaqua Eynard avec aigreur , déplaça la question , ne pou-
vant la traiter avec avantage sur son véritable terrain : celui-ci jugea conve-
nable de répliquer dans un second mémoire intitulé : Réponse ù un écrit
anonyme ayant pour litre : Réflexions sur un imprimé , etc. pour servir de
suite au Manuel des Contribuables à la taxe personnelle.
    Eynard déploie ici une grande érudition dans une matière à laquelle on
aurait pu le croire étranger; il combat pied à pied toutes les subtilités qu'on
lui oppose; il rapporte toutes les lois, ordonnances, décrets, ijui ont réglé
cl qui fixent à Lyon la contribution mobilière, personnelle, somptuaire ; il
 trouve dans leur texte la justification de sa conduite.
    Suivant la coutume des partis, Eynard résistant au pouvoir, avait été traité
dans l'écrit de la mairie d'homme dangereux , de mauvais citoyen ; il se
 plaignit vivement, dans les notes de sa réplique, de ce qu'on avait feint de
méconnaître ses sentiments. Pour prouver son affection au gouvernement
d'alors, il reproduisit un passage de la déclaration de principes qu'il fit quand
il exprima les motifs de son refus de prendre place dans le conseil municipal
nommé par T'usurpateur.
   Lorsqu'après une attente de plus de dix années, la ville de Lyon vit
s'élever l'enseignement de la Marlinière, Eynard, qui avait suivi, pressé
son organisation , fut nommé conseiller-administrateur de cet établissement ;
il assista à son installation , fixa sa demeure au milieu de ces enfants d'ou-
vriers, en faveur desquels il avait travaillé toute sa vie. Martin avait été le
créateur de l'école, Eynard voulut être le continuateur de Martin": il donna,
de son vivant, par un acte authentique, le riche cabinet industriel qu'il
était parvenu à former dans le cours d'une longue et la1 orieuse carrière,
et qui était en partie l'ouvrage de ses mains.