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431 resta quelques minutes, et le soir même une voiture rou- lait avec la rapidité de l'éclair sur la route de Paris. C'était Serïzan qui avait obtenu une permission de huit jours, et qui emmenait avec lui son. protégé. Quelqu'un, en le suivant, l'eût vu descendre à l'hôtel des postes, re- monter aussitôt dans un cabriolet de place, donner une adresse au cocher, rouler dans Paris, et enfin redescen- dre aux Champs-Elysées sous une porte cochère, au-des- sus de laquelle on lisait : PENSIONNAT DE J E U N E S GENS. —• Souviens-toî que tu es désormais mon frère pour tout le monde, sans en excepter moi. — Jacques ouvrit — de grands yeux et suivit le capitaine. — V o t r e maison, Monsieur, m'a été recommandée par un de mes amis, et j'y viens placer mon jeune frère. — Nous ferons tout notre possible pour vous contenter, dit un petit individu à lunettes, et qui avait, comme tous les serviteurs ram- pants du public, adopté cette formule banale de politesse. — Et quand le jeune homme entrera-t-il, Monsieur? — A l'instant même, le voici.—Le niagister fut stupéfait; on voyait assez à sa figure désappointée qu'il avait pris Jacques pour un domestique. Mais dès qu'il aperçut le capitaine vider une bourse d'or, en compter les pièces dans ses mains, son visage avide devint tendre et moel- leux.—-Voilà cinq cents francs pour six mois de pension, trois cents francs de trousseau, et ceci, quand il sera sage; ayez-en soin comme de votre fils. — Et entraînant Jac- ques dans un coin: — Je ne te verrai plus que dans bien long-temps, bien long-temps ; tu n'as plus ni père ni mère; il faut travailler et te faire un état, te bien con- duire et m'écrire souvent; pense toujours à ton frère s ;ar je suis ton frère et je ne t'oublierai jamais. Adieu,