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il y a là des fleurs pendantes en grappe dç différentes variétés de cactus qui
charment par l'éclat des couleurs ; il y a des rododendrum , bien d'autres
plantes dont je ne me rappelle pas les savants noms , et qui ont aussi leur
mérite de beauté , d'originalité et de rareté ; mais quand, à deux pas de là,
je puis admirer en plein air les grappes jaunes du cytise en fleurs, les lilas
dont le coloris est aussi doux que le parfum , et la rose, que je n'appellerai
pas la reine des fleurs, pour ne pas redire un lieu commun, mais qui est
certainement celle de toutes qui a le plus de grâce dans son port, dans sa
forme, dans ses mille nuances , celle dont l'odeur est la plus suave ; quand
je fais ce rapprochement, je suis violemment tenté de préférer ces dernières,
malgré le prix élevé de leurs rivales étrangères et la curiosité qui s'y attache,
et de trouver les dons de notre propre nature supérieurs aux productions
qu'elle nous a refusées et que nous allons dérober à d'autres climats.

i Mais ce n'est pas là la question. Il ne s'agit pas de savoir ce qui vaut le
mieux, en soi, des Heurs, des plantes de nos contrées et des végétaux de
la zone torride cultivés dans nos serres chaudes ; il s'agit d'encourager les
conquêtes en ce genre ; il s'agit d'ajouter de nouvelles richesses à celles que
nous avons. Trêve donc à toute comparaison désobligeante, et ne songeons
plus qu'à aller présenter nos hommages aux nouvelles venues, et à leur
faire les honneurs de notre climat, plus sombre que le leur; de notre soleil,
moins brillant et moins vivifiant. D'ailleurs , combien de végétaux qui or-
nent aujourd'hui nos parterres, nos jardins , nos vergers que la nature n'y
avait pas fait naître, mais que l'art y a transplantés et naturalisés , et qui en
font aujourd'hui l'ornement et la richesse, le marronnier d'Inde, le pêcher,
les roses du Bengale, les camélias, etc., etc.! Encourageons donc les hardis
et constants essais que font les horticulteurs pour importer de nouvelles es-,
pèces, applaudissons à la Société d'Agriculture, qui leur jette le double
 encouragement de la gloire et des récompenses.

   A ce propos, M. Lacène nous apprend dans sa notice que les peuples du
nord , la Hollande , l'Angleterre , nous ont fort devancés dans l'horticulture
ot dans l'institution des sociétés destinées à en propager le goût. Mon amour-
propre national m'a fourni une explication de ce fait ; je la soumets au lecteur.
  Dans ces climats plus septentrionaux , où le ciel est si souvent caché par
des brumes, un soleil plus rare et moins chaud ne fait pas naître, sous les
pas de l'homme, celte profusion de végétaux et de fleurs de toute espèce
dont nos contrées sont favorisées ; il n'y répand pas les vives couleurs qu'il
prodigue aux climats méridionaux. Les personnes q u i , dans ce pays, ont le
goût des fleurs, oui été forcées, j'imagine , d'appeler à leur aide toutes les-