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sentiment libéral que le premier éclat de tonnerre de
  89 avait enflammé.
    D'illustres savants, dont on a relevé fréquemment les
 sécheresses morales , conservèrent aussi jusqu'au b o u t ,
 et malgré beaucoup d'autres côtés moins libéraux, le goût,
 l'amour des sciences et de leurs progrès; mais, notons-
 le , c'était celui des sciences purement mathématiques,
 physiques et naturelles. M. Ampère, différent d'eux et
 plus libéral en ceci, n'omettait jamais, dans son zèle de
 savant, la pensée morale et civilisatrice, e t , en ayant
 recours aux résultats , il croyait surtout et toujours à l'ame
 de la science.
    En même temps q u e , déjà jeune homme, les livres,
 les idées et les événements l'occupaient ainsi, les affec-
 tions morales ne cessaient pas d'être toutes puissantes sur
 son cœur. Toute sa vie, il sentit le besoin de l'amitié ,
 d'une communication expansive, active et de chaque ins-
 tant : il lui fallait verser sa pensée et en trouver l'écho
 autour de lui. De ses deux sœurs, il perdit l'aînée, qui
 avait eu beaucoup d'action sur son enfance ; il parle d'elle
 avec sensibilité dans des vers composés long-temps après.
 Ce fut une grande douleur. Mais la calamité de novembre
 C)3 surpassa tout. Son père était juge de paix à Lyon avant
le siège, et pendant le siège il avait continué de l'être,
tandis que la femme et les enfants étaient restés à la cam-
pagne. Après la prise de la ville, on lui fit un crime d'a-
voir conservé ses fonctions ; on le traduisit au tribunal
révolutionnaire et on le guillotina. J'ai sous les yeux la
lettre touchante et vraiment sublime de simplicité dans
laquelle il fait ses derniers adieux à sa femme. Ce serait
une pièce de plus à ajouter à toutes celles qui attestent la
sensibilité courageuse et l'élévation pure de l'ame humaine