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335 refait presque tous ^es calculs ; et il a répété souvent. qu'il savait alors autant.de mathématiques" qu'il en a ja- mais su. La révolution de 89, en éclatant, avait retenti jusqu'à l'ame du studieux, mais impétueux jeune homme, et il en avait accepté l'augure avec transport. Il y avait, se plaisait-il à dire quelquefois, trois événements qui avaient eu un grand empire, un empire décisif sur sa vie ; l'un était la lecture de l'éloge de Descartes par Thomas, lec- ture à laquelle il devait son premier sentiment d'enthou- siasme pour les sciences physiques et philosophiques. Le second événement était sa première communion, qui dé- termina en lui le sentiment religieux et catholique, parfois obscurci depuis, mais ineffaçable, Enfin il comptait pour le troisième de ces événements décisifs, la prise de la Bas- tille , qui avait développé et exalté d'abord son sentiment libéral. Ce sentiment, bien modifié ensuite , et par son premier mariage dans une famille royaliste et dévote, et plus tard par ses retours sincères à la soumission religieuse et ses ménagements forcés sous la restauration, s'est pour- tant maintenu chez l u i , on peut l'affirmer, dans son prin- cipe et dans son essence. M. Ampère , par sa foi et son espoir constant en la pensée humaine, en la science et en ses conquêtes, est resté vraiment de 89. Si son carac- tère intimidé se déconcertait et faisait faute, son intelli- gence gardait son audace. Il eut foi, toujours et de plus en plus, et avec cœur, à la civilisation, à ses bienfaits, à la science infatigable en marche vers les dernières li- mites, s'il en est (1), des progrès de l'esprit humain. Il disait, donc vrai en comptant pour beaucoup chez lui le (1) Préface de l'Essai sur la pbilosophie des sciences,