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244 pitaine, comment supposer que les généraux romains qui avaient de nombreuses forces dans nos provinces, qui en étaient les maîtres absolus , n'eussent pas rétabli les Yiennois immédiatement? Dion Cassius ajoute que le sénat romain donna l'ordre de bâtir Lyon, parce qu'il se méfiait des géné- raux qui commandaient dans les Gaules ; le sénat se défiait si peu de Plancus , qu'on voit, par les lettres de Cicéron, qu'il le regardait comme un de ses principaux appuis , qu'il le chargea de prendre les mesures nécessaires pour s'opposer à la retraite de Marc-Antoine, dans le cas où celui-ci voudrait entrer dans la Gaule transalpine et de se concerter à cet effet avec Lépidus; il n'est nullement question dans toute celte correspondance en- tre Cicéron et Plancus , ni de Lyon , ni de ville à fonder pour les 'Viennois. Plancus répondit d'abord à cette confiance en rassemblant ses légions et en prenant les mesures nécessaires pour opérer sa jonction avec Lépidus ; il est vrai qu'il croyait sans doute le parti du sénat le plus fort, ainsi que le prouva sa conduite ultérieure } car il tourna bientôt ses armes contre lui ; comment peut-on supposer , d'ailleurs, que dans de pa- reilles circonstances , le sénat romain eut donné l'ordre à ces généraux de bâtir une ville ; en supposant même qu'ils eus- sent des soldats assez habiles pour exécuter ce projet, ne les auraient-ils pas toujours eu à leur disposition et prêts à pren- dre les armes au premier signal ; mais admettons que cet ordre absurde ait été donné ; il n'aurait pas pu et ne dût, dans aucun cas, être exécuté, puisqu'on sait que Plancus eût à peine rassemblé ses troupes, qu'apprenant que celles de Lé- pidus prenaient le parti de Marc-Antoine, il se joignit à elles ; Octave Auguste, qui avait été envoyé contre Marc-Antoine dans la Cisalpine, en ayant fait autant , tous ces généraux réunis marchèrent immédiatement sur Rome , remplirent cette ville de sang et de carnage et firent exterminer la plus grande partie du sénat. Auguste , Antoine et Lépide se partagèrent ensuite l'empire romain sous le nom de trium- virs, et ce fut, sous ce court triumvirat, que Marc-Antoine, au-