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  où beaucoup d'anomalies et de faux rapprochements existaient
  encore, bien entendu, j'observai cependant que telles et telles
  plantes divisées l'une de l'autre dans les méthodes artifi-
  cielles, où Ton ne s'était appuyé pour les classer que sur un
  organe spécial, avaient la majorité de leurs caractères com-
  muns ; je remarquai, en outre, que celles qui concordaient
 ainsi dans la majorité de leurs caractères, avaient des res-
  semblances dans l'aspect, dans le mode de germination,
 dans la disposition générale de leurs parties extérieures, et
 dans leurs propriétés médicales ou usuelles ; j'en conclus dès
 lors qu'il existe enlre les plantes de véritables familles dont
 les diverses espèces ont toutes un lien naturel, et je compris
 qu'il y avait possibilité de faire passer ce lien, ce classement
 naturel dans la science, en s'attachant non plus à un seul
 caractère invariablement pris pour base de leur classifica-
 tion, mais à l'ensemble de leurs caractères. Pour cela, il
suffisait de les réunir par genres, par familles, par ordres
enfin , suivant le plus grand nombre de leurs rapports com-
muns , surtout de leurs rapports les plus essentiels, et c'est
ce que eu à peu l'étude et l'observation détaillées des espèces
connues me permirent d'effectuer et de réduire en prin-
cipes.»—Combien les grandes idées sont simples! Il semble,
dès qu'elles sont trouvées, que chacun en aurait pu faire la
découverte, et néanmoins il n'y a que le génie qui les ren-
contre. C'est que le vrai est inné chez l'homme; mais l'er-
reur que le monde nous met au cœur et en l'esprit, des qu'il
prend action sur nous , forme un filet tellement serré et en-
lacé, qu'il faut une force énorme, même à l'homme le mieux
doué , pour en rompre une seule maille.
   Le lendemain de cette soirée si douce et si bien remplie ,
c'était dimanche ; vers dix heures du soir, chacun s'était re-
tiré dans son appartement ; il se trouva que notre chambre
donnait dans celle de M. Ampère fils; comme nous avions
causé quelque temps tous les deux, « maintenant dormez,
nous dit-il; car je vous préviens que demain vous serez ré-