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213 où beaucoup d'anomalies et de faux rapprochements existaient encore, bien entendu, j'observai cependant que telles et telles plantes divisées l'une de l'autre dans les méthodes artifi- cielles, où Ton ne s'était appuyé pour les classer que sur un organe spécial, avaient la majorité de leurs caractères com- muns ; je remarquai, en outre, que celles qui concordaient ainsi dans la majorité de leurs caractères, avaient des res- semblances dans l'aspect, dans le mode de germination, dans la disposition générale de leurs parties extérieures, et dans leurs propriétés médicales ou usuelles ; j'en conclus dès lors qu'il existe enlre les plantes de véritables familles dont les diverses espèces ont toutes un lien naturel, et je compris qu'il y avait possibilité de faire passer ce lien, ce classement naturel dans la science, en s'attachant non plus à un seul caractère invariablement pris pour base de leur classifica- tion, mais à l'ensemble de leurs caractères. Pour cela, il suffisait de les réunir par genres, par familles, par ordres enfin , suivant le plus grand nombre de leurs rapports com- muns , surtout de leurs rapports les plus essentiels, et c'est ce que eu à peu l'étude et l'observation détaillées des espèces connues me permirent d'effectuer et de réduire en prin- cipes.»—Combien les grandes idées sont simples! Il semble, dès qu'elles sont trouvées, que chacun en aurait pu faire la découverte, et néanmoins il n'y a que le génie qui les ren- contre. C'est que le vrai est inné chez l'homme; mais l'er- reur que le monde nous met au cœur et en l'esprit, des qu'il prend action sur nous , forme un filet tellement serré et en- lacé, qu'il faut une force énorme, même à l'homme le mieux doué , pour en rompre une seule maille. Le lendemain de cette soirée si douce et si bien remplie , c'était dimanche ; vers dix heures du soir, chacun s'était re- tiré dans son appartement ; il se trouva que notre chambre donnait dans celle de M. Ampère fils; comme nous avions causé quelque temps tous les deux, « maintenant dormez, nous dit-il; car je vous préviens que demain vous serez ré-