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214 veillé de bonne heure pour aller à l'église, et par M. de Jus- sieu-lui-même ; ce serait une grande peine pour lui que quel- qu'un de chez lui manquât à la messe, et, quelles que soient les croyances de ses hôtes, aucun ne se refuse à le satis- faire. » En effet, le lendemain, dès cinq heures et demie du ma- tin , nous vîmes entrer l'excellent et pieux vieillard, vêtu comme pour fêler un roi et décoré de sa croix d'honneur. « Mon jeune ami, nous dit-il, je suis fâché de vous éveiller si tôt, mais ici nous n'avons que deux messes, la seconde serait un peu longue pour vous , et la première commence à six heures ; il faut bien alors que nous nous levions pour l'office comme pour une partie de plaisir. » • Au retour de cet office, l'entretien s'engagea assez natu« Tellement sur la paroisse de Jouarre et son antique abbaye; M. de Jussieu en savait l'histoire et les curieux détails aussi bien que le grand évêque de Meaux. Puis, après le déjeûner,, vint le tour des plus jeunes souvenirs , et entr'autres celui de ses bons professeurs,les jésuites de Lyon, pour lesquels il avait conservé une grande vénération et l'estime la plus profonde ; ce furent ensuite vingt autres discussions tout aussi pleines d'intérêt, mais dont nous ne saurions nous rap- peler les textes, tant ils étaient animés et variés. Ce que nous disons là du mouvement et de la diversité de son entretien prouve suffisamment qu'il ne causait pas plus volontiers de botanique que 'de tout autre chose ; il nous a même p a n i q u e c'était le sujet sur lequel il aimait le moins s'arrêter; et si l'on demande quelle raison nous en saurions donner, la voici. Nous croyons que cette sorte de répugnance, à parler habituellement des matières d'où il tirait, sa supério- rité tenait à . un sentiment aussi louable que rare de modes- die, tranchons le mot, d'humilité. M. de Jussieu n'aimait pas l'ostentation et craignait de se faire valoir y aussi évitait-il ce qui l'eût fait briller, e t , de quoi qu'il parlât, sa conversation demeurait toujours sur