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   Ce neveu, c'était Antoine Laurent de Jussieu. Bernard
l'avait fait venir de l u i , comme lui-même avait été mandé
 par son frère. Le jeune de Jussieu avait alors dix-sept ans,
et venait d'achever de très-bonnes études chez les jésuites
de Lyon. Comme son oncle était déjà fort âgé , il servait
souvent à l'aider, à le suppléer même dans ses travaux, et
c'est ainsi qu'il commença sous ce patronage à se faire con-
naître des illustrations de l'époque et du roi Louis XV, au-
quel il fut présenté dans le jardin de Trianon.
   Bientôt Bernard tomba presque aveugle ; A. Laurent de-
vint un fils pour lui., et lui prodigua jusqu'à ses deniers ins-
tants les marques de l'affection la plus tendre et la plus vi-
gilante. Lorsque, sur ses derniers jours, A. Laurent de Jus-
sieu perdit de même à son tour l'usage de la vue, et qu'en-
touré de sa nombreuse famille, il recevait de tous des soins
touchants et empressés, ne dut-il pas se dire plus d'une fois,
au souvenir de son vieil oncle^ que Dieu ne réserve pas pour
le ciel seul la récompense du bien que l'on fait ici-bas ?
   C'est toujours un beau spectacle que l'alliance d'un noble
cœur et d'un génie élevé ; aussi, après ce que nous venons
de signaler de la piété filiale du jeune du Jussieu pour le
vieillard qui lui servait de père, on aime à voir avec quelle
rapidité il développa des dispositions d'esprit, et montra des
connaisances acquises dignes de lui assurer un rang person-
nel, une place à lui, dans le monde savant. Dès 1770., lors-
qu'il fut choisi pour suppléer M. Lemonnier, prédécesseur
de M. Desfontaines , ce n'était déjà plus seulement au neveu
de Bernard, c'était bien à A.-L. de Jussieu lui-même que cet
honneur était accordé. En 1777, son oncle étant mort, il le
remplaça dans ses fonctions, et fit pendant une longue suite
d'années les cours de botanique au jardin des plantes. Quatre
ans avant cette époque, une place de botaniste était venue
à raquer à l'Académie; pour l'obtenir, le studieux suppléant
composa son premier mémoire : c'était celui sur la famille
des renonculacées, dans lequel il est manifeste qu'il avait