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déjà vu la méthode naturelle et fait son entrée dans cette
voie. Depuis il y marcha avec assurance, mais de ce pas
prudent qui ne se trompe point de route, et ce ne fut qu'au
bout de seize ans de travaux constants et profonds qu'il en
présenta , dans le Gênera Plantarum, le code appliqué à la
totalité des végétaux connus alors.
   Pour donner à cette partie de la vie d'A.-L. de Jussieu
l'étendue dont elle serait susceptible, il faudrait volontiers
suivre la botanique dans tout le mouvement de son progrès,
depuis la moitié du dernier siècle ; examiner le point obscur
et difficile où s'étaient arrêtées les méthodes artificielles;
alors on apprécierait au vrai l'impulsion que le Gênera Plan-
tarum donna à cette science en particulier et même à l'en-
semble des sciences ; les bornes de cet article ne nous per-
mettent pas d'entrer dans ce curieux détail, que retracent
dans plus d'une de leurs pages et les annales des sciences
naturelles, elles divers rapports académiques qui ont traité
ces matières, entre autres celui de M.»Cuvier sur la marche
de ces sciences, à partir de 1789.— Quelque savant d'ailleurs
que soit un homme, quelque puissance qu'il ait obtenue
dans l'empire de l'intelligence , nous préférons l'étude de sa
conduite intime à celle de ses ouvrages, parce que ses dé-
couvertes dureront dans la mémoire de ceux qui en font
usage , son éloge dans la bouche de tous ceux qui parcour-
ront la même carrière ; mais les exemples de sa vie, où les
retrouverons-nous, sinon dans les notes de l'historien privé?
Traversons donc d'un pas rapide les travaux d'A.-L. de Jussieu,
   Comme si le souvenir d'une grande révolution dans les
connaissances humaines devait joindre sa date et se rattacher
à celui d'une grande révolution politique, ce fut en 89 que
parut le Gênera Plantarum. Veut-on savoir quel en fut le
premier succès? M. de Mirbel nous l'a dit sur la tombe même
de son vénérable collègue : « Lorsqu'après vingt ans d'un
travail silencieux, il eut terminé cet immortel ouvrage où il
démontre victorieusement par le raisonnement et les faits