Revue du Lyonnais » série 1 - n°5 ( 1837 ) » pp.041

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un critérium infaillible au moyen duquel on reconnaît l'indi-
vidu. Son caractère , ses mœurs et ses idées sont contenues
dans les plis de la soie , dans le contour des baleines et la
façon de la canne. Le parapluie connu, l'homme est connu.
Depuis l'épais rifïlard de l'épicier jusqu'au parapluie léger et
mignon et coquet de la petite maîtresse , il y a des myriades
de distinctions à faire, et, certes, elles n'échapperont pas à
l'observateur impartial. En outre le parapluie peut toujours
suppléer la canne et alors elle en a tous les avantages. Mais
voici les plus nets profits que vous puissiez en retirer.
   Vous êtes dans la rue ; il pleut. Le parapluie mollement
appuyé sur l'épaule, vous vous abandonnez au farniente de
la promenade , à ces délicieuses flâneries que je vous ai dé-
crites, ou bien vous vous bâtez vers vos affaires. O h ! mon
Dieu, qui s'avance donc devant vous , que vous pâlissez
ainsi? C'est un fâcheux, un bavard, un éternel ennemi des
honnêtes penseurs. Il va vous r a c o n t e r , en larmoyant ou en
frémissant et en dissertant avec p e s a n t e u r , les suicides et les
assassinats qui enjolivent la gazette du matin. Il vous dira le
cours de la r e n t e , les caquets intéressés des croupiers, le
changement du ministère qui ne change pas , un bon mot de
M. Dupin, le funambule grand-seigneur, un calembourg de
M. Sauzet, le Calon lyonnais; puis abordant la question
étrangère il vous annoncera la grande défaite définitive de
don Carlos, les arméniens du Czar et l'engloutissement de
Pékin. Gare à vous ! gare à vous ! Il ne vous fera pas grâce des
nouvelles de coulisse, des intrigues de parterre , des grosses
bêtises qu'il a lues dans le Charivari et vous serez à vous
morfondre entre les griffes de son babil, heurenx encore s'il ne
vous entraîne pas dans un café pour vous dépeindre les yeux,
les cheveux , la taille, les attraits cachés , l'esprit, le cœur de
ses maîtresses et vous dire où il en est de ses vingt intrigues
amoureuses; combien d'Å“illades elde pressemenls de mains il
a reçus h i e r , combien de douces paroles lui ont été dites tout
bas. — Peut-être celui qui s'avance et qui vous effraie n'est