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la ville se vit obligée de ne se servir presque que des fontaines pour ses be-
soins domestiques.
   Nous avons extrait tous ces détails du procès-verbal fait à cette époque à
l'Hôtel commun de la ville de Lyon (1).

                                                1756.
   Dans la nuit du 13 au 16 janvier, le Rhône avait tellement cru, qu'il y
avaità Villeurbanne de l'eau dans la plupart des habitations jusqu'au premier
étage. La fureur du fleuve renversa vingt-cinq maisons, et en ruina plusieurs
autres. Les habitants, dans ces tristes circonstances, poussaient des cris pour
se faire entendre des paroisses voisines et se procurer des bateaux , afin de
s'y réfugier avec leurs bestiauï. Le fleuve a séjourné plusieurs jours dans les
plaines de cette commune , et l'on s'est ressenti long-temps des dégâts causés
parce débordement (2).
   Les deux rivières se réunirent à la place de Bellecour; et on posa à la
maison de la Valette, aujourd'hui maison Sain, une inscription qui constatait
cet événement. Voici une des particularités qui le distinguèrent : un enfant
de deux ans environ , à demi couché dans un coffre était devenu le jouet
des flots, et allait être infailliblement submergé lorsque, pour le sauver, des
hommes intrépides se portèrent en foule vers le confluent. L'enfant y étant
arrivé, l'équilibre que la jonction des deux rivières procure à leurs eaux, per-
mit d'arracher à une mort certaine la faible et innocente créature qui, mécon-
naissant le danger, souriait au milieu des vagues quile menaçaient.

                                               1767.
    Le 6 janvier, le Rhône gela entièrement en face de la rue Puits-Gaillot;
 et l'on n'avait pas de souvenir à Lyon de l'avoir vu ainsi. Le peuple , par
 la singularité de l'événement, s'y précipita pour traverser aux Brotteaiix.
M. de Yerpillière, alors commandant de la ville, en fut instruit, et comme le
froid s'adoucissait, il craignit un dégel subit et la perte de quelques citoyens.
Il envoya des gardes pour interdire le passage sur les glaces, et il fit même
garder les ports. Environ une heure et demie après cette sage précaution , ,
le dégel arriva subitement ; trois cents personnes durent peut-être la vie,
dans cette circonstance, à M. de la Verpilliére. Tous les bateaux attachés au
pont furent fracassés ou entraînés. Un des artifices, appelé machine à friser,
fut aussi emporté. On craignit pour le pont de la Guillotière , et cerlaine-

  ( ï ) Voir la Revue au Lyonnais, t. I e r , p. 20.
  (a) Voir l'Histoire de 1 Hôtel-Dieu, par M. Dagier, t. a, p. a49-