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                   LA VERRERIE DE ROANNE                   443

capacité, nous ne serons point étonnés que des préjugés
aussy naturels vous ayent frapé et que les discours de
quelques ennemis que notre silence sembloit autoriser ayent
déterminé M. Pallu à penser comme vous, Monsieur, peut-
être un peu à notre désavantage, mais sy vous aviez esté
instruit de tout ce qui s'est passé dans notre manufacture
vous nous auriés plaint dans nos malheurs. Les mauvaises
intentions de Clerboy qui n'a jamais eu d'autre vue que
notre perte, sa conduite dangereuse qui ne tendoit qu'au
renversement de notre entreprise, ses violences et ses empor-
temens sont les seules causes de nos mauvais succès. Il est
bien malheureux pour nous, Monsieur, quels embaras dans
lesquels il nous a plongés qui nous ont mis dans l'impos-
sibilité de faire notre cour à M. Pallu avec assiduité et
d'entretenir avec vous, une liaison qui nous flatera toujours
infiniment. Nous espérons, Monsieur, que le mémoire qui a
été présenté au Conseil et qui vient d'être renvoyé à M. Pallu
nous justifiera auprès de luy et vous déterminera à penser
favorablement sur nos démarches.
   Il est bien triste pour nous, Monsieur, que l'interruption
de nos travaux et les mauvaises manœuvres de Clerboy et
de sa famille nous fassent non seulement essuyer des critiques
qui altèrent de jour en jour notre réputation mais encore
aye réveillé l'ambition des uns et la jalousie des autres,
vous êtes à portée, Monsieur, d'en être instruit par les
mémoires que l'on a présentés pour la verrerie de Givors,
mais vous estes trop éclairé pour ne pas sentir que ce privi-
lège auroit totalement fait tomber notre établissement.
   Nous savons, Monsieur, que le bon droit peut seul quelque
chose auprès de M. Pallu et que votre zèle ne peut être
excité que par la justice, mais sy vous doutiés de notre sincé-
rité, nous pourions nous flater que plusieurs personnes de