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404             LA VIK LITTURAIKK A LYON

au séminaire d'Issy, dans la plus touchante communion
d'idées avec l'abbé Fleury, qui avait rêvé de se l'attacher
comme secrétaire. Au cours de longues causeries, pleines
de franchise et de cordialité, Fleury lui avait révélé sa pen-
sée la plus secrète sur le conflit de Bossuet et de Fénelon.
Il croyait que chez M. de Meaux, l'homme, à certains
moments, l'avait emporté sur l'évêque et qu'il avait été
« séduit lui-même par sa propre passion ». Ce trait de
lumière dans l'obscure chicane du quiétisme, illuminait sin-
gulièrement la longue et âpre guerre entre les Jansénistes et
les Jésuites.
   M. de Saint-Fonds, sans avoir aucune tendresse pour la
doctrine de Port-Royal, ne souffre pas que son ami Dugas
proteste contre le discours de Fleury sur les Croisades, sous
prétexte qu'un janséniste pourrait en tirer avantage. 11 place
la vérité avant tout intérêt de parti. Il croit qu'il faut
l'aimer pour elle-même. Ce sont là de très nobles senti-
ments qui ne surprennent pas chez M. de Saint-Fonds.Il se
plaît à louer la sincérité chez autrui et reconnaît, sans con-
trition, qu'il porte lui-même cette qualité « jusqu'au
défaut )). A le lire, on l'imagine, comme il s'est peint lui-
même, haranguant à cheval le cardinal de Villeroy à la
porte de Villefranche.
   « Ce compliment à cheval » est bien le ton net, ferme,
décidé et cavalier de M. de Saint-Fonds. Un peu plus de
vivacité et de prestesse dans le mot lancé et nous songerions
çà et là aux malices souriantes de Gil Blas. Des deux amis,
M. de Saint-Fonds est celui qui fait le plus penser au
xviii0 siècle.
  Mais qu'on le veuille ou non, il est impossible d'échap-
per totalement aux grands courants qui emportent une
nation. Dans ce vide de grandes œuvres littéraires et dans