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402              LA VIH LlTTJiRAlRK A LYON'

 et de Limas, et lieutenant particulier au bailliage de Beau-
 jolais avec résidence à Villefranche. L'intérêt de la corres-
 pondance, échangée entre les deux amis de 1711 à 1739 et
 pieusement recueillie par M. de Saint-Fonds en trois
 volumes in-folio, n'est pas, disons-le nettement, d'ordre
 littéraire. Ni le président, ni le lieutenant particulier n'ont
 un style personnel. Ils écrivent la langue du xvn e siècle
 avec un certain tour archaïque et une allure lente et lourde
 qui ne laissent guère prévoir la phrase vive, courte, incisive
et un peu menue du xvm e siècle. L'intérêt est tout entier
ici d'ordre documentaire. Nous y saisissons, mais moins
complètement que nous ne l'aurions désiré, la vie de notre
ville en ces années confuses, vides de gloire et de grandes
œuvres, traversées par le pressentiment de l'agonie d'un
grand siècle et de l'enfantement pénible d'un âge, qui, dans
la naïve et pétulante audace de l'extrême jeunesse, rompra
avec des traditions de morale, de politique, de religion et
d'art six fois séculaires, dût-il être impuissant à les rempla-
cer ou obligé de les réinventer, sans paraître s'en douter,
en y mêlant l'assaisonnement du paradoxe.
    A ce titre, on ne pouvait désirer de meilleurs témoins
que le président Laurent Dugas et M. de Saint-Fonds. Ces
deux amis et parents, dont le premier était né à Lyon, le
 10 septembre 1670, et le second à Villefranche, le 28 no-
vembre 1675, avaient été nourris dans l'étude et l'admira-
tion des lettres antiques et de la littérature du xvn e siècle.
Mais, autant qu'on en puisse juger, ils avaient lu plus de
latin et de grec que de français. M. Laurent Dugas, par
exemple, ne connaîtra vraiment l'Histoire universelle de
Bossuet qu'en 1717. C'est un peu tard. Aussi leur goût,
tout en étant assez juste, est-il étroit et le plus souvent
dogmatique sans fondement. Ils tiennent tous deux pour