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336                    MOLIÈRE A LYON

libre avec Madeleine Béjart; il n'en avait pas moins une
liaison avouée avec Mlle Debrie, dont le mari acceptait
bénévolement le partage. Lagrange n'était pas un époux
moins accommodant. C'est sur sa femme, Marie Ragueneau,
très laide et très coquette, qu'un satirique a écrit l'épigramme
suivante :

      Si n'ayant qu'un amant, on peut passer pour sage.
              Elle est asse^ femme de bien;
              Mais elle en aurait davantage
              Si Ton voulait Taimer pour rien.

    Ne soyons pas surpris que les vieux bourgeois lyonnais
ne soient pas sortis, à l'égard de Molière, du rôle de spec-
tateurs et d'admirateurs. Tout au plus les chercheurs
d'aventures ont-ils abordé les coulisses; mais, même sur ce
terrain, la chronique reste muette.
   Cependant, Molière ne pouvait passer inaperçu. Ses
rapports avec deux écrivains au moins nous sont révélés.
Claude Basset, avocat, secrétaire de l'Archevêché et, plus
tard, échevin, avait écrit une tragédie : Irène. C'est le
même sujet que le poète François Coppée a traité sous le
titre de : La tête de la Sultane. Molière aurait rempli, dans
la pièce de Basset, le rôle de Mahomet II. Au dire de ses
contemporains, il n'excellait point dans les rôles héroïques ;
peut-être en jugeait-on ainsi, parce qu'il les jouait en
dehors de la tradition, s'affranchissant des attitudes solen-
nelles et du débit redondant.
   Quoi qu'il en soit, une pièce jouée suppose des relations
entre l'auteur et l'interprète, relations qui durent s'étendre
aux amis du jeune poète.
   Molière aurait encore tenu un rôle dans les pièces de