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ENFANTILLAGE 221 les chemins et les routes pour s'assurer du fait. C'était exact ; des batteries établies en avant d'Essert, sur le bord des pla- teaux et la rive gauche de la Douce, les assiégeants lançaient des obus sur Belfort et des bombes sur le fort des Barres. Les obus traversaient l'espace en sifflant, éclataient avec un bruit effroyable et leurs éclats, en volant de toutes parts, imitaient des miaulements qui terrifiaient ceux près desquels ils passaient. On suivait plus curieusement l'arrivée des bombes qui, avant d'éclater, lorsqu'elles tombaient sur le sol, rebondissaient plusieurs fois et nous rappelaient les ballons de nos jeux d'enfants. Ces obus et ces bombes arrivèrent sur Belfort, pendant ce premier jour de bombardement, sans discontinuer un instant ; on en compta, nous a-t-on dit plus tard, près de cinq mille tombés sur la ville et les fortifications. Nos bat- teries y répondirent, mais plus faiblement; elles n'envoyaient à l'ennemi que le tiers à peu près des projectiles qu'il nous lançait : la défense avait à ménager ses munitions, car il n'existait dans Belfort que soixante mille projectiles pour pièces rayées, et la fonderie que Denfert avait fait établir sur la petite place située à l'entrée de la Porte de France, au pied des bâtiments militaires, ne pouvait arriver à pro- duire plus de deux cents obus par jour. Ce furent les mobiles du Rhône qui eurent l'honneur de répondre les premiers au tir de l'ennemi, voici comment : Au moment où les premiers obus arrivèrent sur la ville et les ouvrages du château, les canonniers chargés du service des pièces de la cidatelle, notamment de la pièce rayée de 24, établie sous un blindage à la droite du cavalier, connue de toute la garnison sous le nom de Catherine, étaient au bois à faire du fascinage ; les officiers présents demandèrent à la hâte quelques hommes de bonne volonté pour les con-