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              Souvenirs du siège de Belfort




        ENFANTILLAGE

             E 3 décembre, à deux heures du matin, on nous
              fit mettre sous les armes. Le rassemblement par
              compagnies fut rapidement exécuté, car nous
couchions tout habillés, sur des bottes de paille ou de foin
qui nous servaient de lit : le temps seulement de rouler la
couverture autour du sac, pour quelques-uns de remettre
à la hâte leurs souliers, quittés malgré la défense qui en
était faite, et nous étions prêts, alignés sur la route qui
traverse le hameau des Forges, à la place habituelle affectée
à chaque compagnie, répondant l'un après l'autre, d'une
voix monotone et lasse, à l'appel des caporaux.
   Il faisait un froid très vif; le ciel, du côté d'Essert et de,
Bavilliers, était éclairé par de grandes lueurs rougeâtres
produites par des incendies.
   On s'attendait à une attaque. La veille, de grands mou-
vements de troupes avaient été remarqués chez les assié-