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UO'UMA'NlLLB ET LE EÉXIBRlGE 349 bitions académiques, mené sans bruit une calme existence d'érudit. Plein de philosophie, il sut se contenter d'une simple couronne cueillie aux lauriers odorants de son jardin. Après tout, souvenons-nous avec M. Charles Maurras, que la poésie du vieux maître a la joie, la lumière, la vie, la mysticité même, que son ciel est sans nuages et qu'il n'est point fermé (9). Félicitons ce poète nai'f et spi- rituel de sa gaie traversée de la vie, de son espoir en Dieu, de sa foi dans son pays. Féiicitons-le surtout de n'avoir connu ni les angoisses psychiques, ni les fluctuations pessi- mistes, ni les sentiments intellectuellement maladifs, apa- nage des esprits inquiets et subtils. Michelet a dit quelque part : Les bons meurent souvent seuls. Tel ne fut pas le cas pour Joseph Roumanille. Ce vaillant, ce bon ouvrier de la plume est mort entouré de sympathies et d'amis, dans la plénitude du devoir accompli. Il est mort en vaillant et en artiste, avec, au cœur, la joie de l'œuvre réalisée, avec, dans les yeux, la douceur d'une vie simple s'y reflétant tout entière, avec, dans l'âme, le calme et la confiance. Il est mort plein de sérénité, récitant les vers qu'il aimait, cherchant jusqu'à son dernier soupir des mains d'amis à serrer. Et maintenant, cher et vénéré maître, repose en paix dans ton cimetière fleuri, à quelques lieues de ta ville d'Avi- gnon, et non loin de cette île de la Barthelasse, où tu passas de si doux moments à regarder couler les ondes joyeuses du Rhône teintées de pourpre au couchant, cependant que, le vieux château de Grégoire XI et de Clément VI, d'Urbain V et de Clément VII, s'incendiait sur l'azur du ciel assombri. (9) Événement, mai 18g t. H" j . — Mai 189a