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258 LA POPULATION PRIMITIVE DE LUGDUNUM On lit en effet dans tous les historiens spéciaux de notre ville, ainsi que dans les histoires romaines modernes, qu'après sa victoire sur Albin, Septime Sévère, dans son courroux contre une ville qui avait pris parti contre lui, en ordonna la destruction et fit passer au fil. de l'épée la population toute entière. Pour nous, le fait même de l'extermination de tous les habitants d'une telle cité paraît inadmissible. En consul- tant les deux écrivains contemporains les mieux informés, Dion Cassius (6) et Hérodien(7),nous trouvons le premier absolument muet sur cet événement, et le second se con- tente de dire que Lyon, cité opulente, fut « pillée et brûlée après la bataille ». Parmi les auteurs plus rapprochés de cette époque, Spar- tien et Jules Capitolinus (8), qui écrivaient au temps de Dioclétien les vies des empereurs Sévère et Albin, n'en parlent même pas. Spartien, qui n'aime pas son héros qu'il trouve féroce et qualifié de Sylla punique (9), spécifie clairement qu'il fit mourir les chefs de l'armée vaincue et les sénateurs réfugiés à Lyon. Il nous donne les détails de la mort d'Albin et des exécutions sanglantes qui suivirent. Quel tableau cependant pour un véritable historien, que celui du massacre d'une population de 70,000 âmes, et peut-on admettre qu'il eût gardé le silence sur un tel évé- nement, tandis que tous à l'envi nous parlent de la ruine (6) Don Cassius. Histoire romaine, ch. xxv. (7) Hérodien. Histoire romaine, trad. citée, p. 128. (8) Spartien. Viede Sévère, ch. 11, dans Histoire Auguste. — Jules Ca- pitolinus, ibid. Vie de Clodius Albinus, traduct. de l'abbé de Villeloin, Paris, MDCLXVII. (9) Spartien, ibid. Vie de Niger, p. 676.