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86 L'ABBÉ HYVRIER Je viens de prononcer un mot 'qui manque absolument de charme, le mot vieillard. « Hélas ! l'illusion est difficile quand on a cinquante-un an d'exercice, cinquante ans de sacerdoce et quarante- huit ans de supériorat, et qu'après les fleurs du printemps, les fruits de l'automne, on sent déjà le vent d'hiver qui secoue et emporte les dernières feuilles. « Je me console, toutefois, en vous regardant et en récitant les vers du poète : « On rajeunit aux souvenirs d'enfance, « Comme on renaît au souffle du printemps. « Que vous souhaiterais-je, chers amis, sur mes vieux jours ? « Je vous souhaite de rester dignes de vos excellents maîtres, ces modèles de science, de travail, de dévouement, que je n'appellerai pas, comme on l'a dit un jour, les ouvriers obscurs, mais bien les travailleurs intelligents, estimés de tous, dont le mérite est au grand jour, et qui ont puissamment contribué à faire l'Institution ce qu'elle est. « Je vous souhaite la fidélité constante aux principes sacrés qui ont présidé à votre éducation. Là seulement est l'appui solide de l'esprit et du cœur. Avec ces principes vous continuerez à porter dans le monde, comme je vous le disais au dernier congé, l'esprit de respect et de justice pour tout ce qui est vrai, beau et bon ; les traditions de politesse, de mesure, de bon goût, les vertus qui font le chrétien, les nobles enthousiasmes qui font le citoyen, car l'Eglise et la France, voilà les deux patries de notre âme. « Les caractères manquent à notre époque ; on passe sa