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276                PROMENADE AU SALON

que le public affluait au Salon annuel ! Pas le moins du
monde : c'était pour connaître ce qui se fait ailleurs. Les
visiteurs viennent une fois, puis se disent qu'ils seraient
bien sots de payer pour admirer des choses qu'on peut voir
pour rien, tout le long de l'année, à la vitrine des mar-
chands de tableaux.
   Le tableau d'histoire et le tableau de genre sont néces-
sairement les premiers atteints, et d'autant plus que des
maîtres, comme M. Sicard, M. Tollet, M. Poncet s'abs-
tiennent. Une revue de ce qu'on appelle la grande peinture
sera vite faite.
   Le Saint Léonard (652), de M. Tapissier, et ['Orphée de
M. de Bélair (53), sont les deux gros morceaux du Salon ;
le premier, trop gros peut-être pour M. Tapissier, auquel
il ne serait pas juste, cependant, de ne point tenir compte
de l'effort accompli. Je lui reprocherai d'avoir été moins
préoccupé de nous présenter un saint, dans la personne de
son ermite, que d'en faire un être bizarrement constitué.
L'Orphée est plus conforme au caractère du personnage, et
ce bois, autant rêvé que vu, est le cadre qui convient à un
poète, relevant de la légende autant que de l'histoire.
   M. Yperman est un homme habile. Dans le Festindes Vier-
ges Sages (707), il nous fait accepter le gris comme étant la
couleur de la carnation angélique, et ses vierges, non con-
tent de les faire grises aussi, il leur donne un âge, que
nous autres femmes, ne considérons guère comme l'âge
idéal. Mais tout cela est si fin, si délicat, si harmonieux
que plus d'une s'oublie devant cette vision et voudrait,
assise au divin banquet, vivre de cette vie intangible et
immatérielle.
  M. de Gaudemaris a entreprit de faire de la grande
peinture dans un petit cadre, la Mort d'Attila (300). Tous