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ROUMANILLE ET LE FÉLIBRIGE 343 délicatesse, pleines de fines pensées, pleines aussi d'amer- tumes et de joies, comme la vie. Je traduis celle-ci tout d'abord : I Mignonne as-tu fini de piétiner le blé ! Tu. es toute en moiteur ! Tu as assez cueilli le long des fossés Narcisses et marguerites ; Tu en as plein tes mains, ma fillette, tu en as assez ; Allons, viens. Je te ferai danser sur mes genoux, Allons viens vite, viens, Mignonne. Dans tes yeux, mon amour, je veux me mirer, Je veux, petite enfant, te faire babiller, Baiser ta joue ronde, Ton front blanc comme un lis et doux et si joli ! Accours vite et des fleurs que tu viens de cueillir, Je ferai une couronne. II L'enfant, obéissante, ne piétina plus le blé ; Elle cessa de cueillir, le long des fossés, Narcisses et marguerites ; Vite, elle vint, caressante, sur mes genoux, Et des fleurs qu'elle avait dans la main, Je fis une couronne à la Mignonne. Mais voici que soudain sa mère l'appela, Légère comme une chèvre la fillette s'échappa Quand je l'eus bien caressée ; Le vent jouait dans ses cheveux blonds comme l'or... Depuis cette époque, je suis revenu souvent me promener aux champs, Mais hélas ! je ne l'ai plus couronnée.