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2)0               LES LIVRES DE RAISON

un produit d'une vente journalière sur le marché d'Anno-
nay. Car, à la date du ro avril de cette année, qui était
une année de disette, il nous apprend que les truffes
(pommes de terre), se vendent 22 sols la quarte, ce qui
inspire à M. Mazon l'observation suivante :
   « C'est la première fois que les truffes, ce qui veut dire
ici les pommes de terre, apparaissent dans ce qui nous
reste du livre de raison de notre avocat. Pour qu'elles
fussent ainsi marchandise courante sur le marché d'Anno-
nay, on peut supposer qu'elles étaient cultivées dans le
pays, depuis un assez grand nombre d'années. »
   Quoi qu'il en soit, le prix augmente et le Ier mai sui-
vant, il nous apprend encore que « les truffes se vendent
à la place de la Grenette, 25 sols la quarte. »
   Au surplus, d'autres notes nous confirment l'impor-
tance, déjà appréciable, de cette culture, à cette époque.
Ainsi, en 1696, au moment où il fait le partage des
récoltes avec son fermier, il écrit : « Au partage des
truffes blanches fait en novembre, nous eûmes à notre
part, 5 sestiers moins une quarte de truffes, dont un
sestier fut vendu à Segure, à raison de 5 sols la quarte. »
   En 1702, le prix en est plus élevé, car le 5 avril de la
même année, une demi-quarte de truffes blanches vaut
3 sols 6 deniers seulement.
   Le 24 mai 1704, il nous apprend encore que deux
quartes de truffes sont vendues 8 sols. Enfin, à la même
date, il permet au nommé Seu, de Vissanti, « de faire des
truffes dans sa terre de Lacroix, à condition qu'il rasera et
mettra par quartelée trois charretées de fumier qu'il four-
nira, et toutes les truffes seront siennes. »
   Dès cette époque la culture de la pomme de terre était
donc pratiquée, d'une manière assez étendue, dans le