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                      L'ABBÉ HYVRIER                      85

mélancolique, modernisée, presque embourgeoisée, lors-
qu'elle n'abritait plus ce simple fils de paysans dauphinois,
transformé par le sacerdoce, grandi par son admirable
vocation, devenu enfin le Supérieur dans l'acceptation
même de ce terme.                                     *

   Les congés de famille, qui jadis revenaient annuellement,
étaient pour tous une véritable joie, surpassée depuis par
les émotions inoubliables des noces d'or du Supérieur,
célébrées le 30 juin 1884.
   Malgré une grave indisposition dont il se remettait avec
peine, le Père de l'Institution se leva à la fin du banquet,
et commença de sa voix brisée cette admirable déclaration
de son cœur paternel :

          « MESSIEURS ET CHERS AMIS,

   « En présence de tout ce qui se passe, s'il était permis
d'avoir un sentiment d'orgueil, je dois avouer qu'il entre-
rait aujourd'hui dans mon cœur. Mais les fautes, les
erreurs, les défaillances, les responsabilités du demi-siècle,
me ramènent bien vite à l'humilité et à mon propre
néant.
   « N'importe ! je ne puis me défendre d'être fier et heu-
reux en promenant mon regard sur la belle couronne qui
m'entoure, toute composée des meilleurs souvenirs de ma
vie !
   « Au reste, n'est-ce pas l'Écriture Sainte elle-même qui
l'a dit. La gloire des vieillards, ce sont les fils : Corona
senumfllii.
   « Sur l'autorité de cette parole divine, je le déclare,
aucun Supérieur n'a plus que moi le droit de s'enorgueillir.