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                        BEAUX-ARTS.

       LA GROSSE DE MONSEIGNEUR THIBAUDIER
     Tous ceux qui ont assisté aux cérémonies du sacre de Monsei-
  gneur Thibaudier, le dimanche 9 mai, ont pu admirer la magnifique
  crosse épiscopale, qui lui a été offerte par ses anciens éièves de
 l'Institution des Chartreux, où le nouvel évêque auxiliaire du
  diocèse de Lyon avait professé, pendant vingt années, le cours de
  philosophie, quand Monseigneur Ginoulhiac, le choisit pour vicaire
  général, en 1870.
     Exécutée par M. Armand-Calliat, sur les dessins de M. Bossan,
 architecte, pour figurer à l'Exposition universelle de 1867, cette
 crosse, de style roman, est une œuvre d'art de la plus grande beauté.
    A première vue, on est émerveillé des lignes si pures et si nobles
 de ses contours, de la proportion parfaite que présentent toutes les
 parties de l'œuvre. Là, se révèlent bien la main si sûre et le génie du
 maître qui en a fourni le dessin.
    Mais si on l'examine de près et dans ses détails, on apprécie alors
 tout le talent de l'artiste qui a présidé à son exécution. Et l'on ne
 sait vraiment ce qu'il faut le plus admirer, ou des riches ciselures
 qui ornent les deux faces de la volute, ou de la coloration variée que
 présentent à la fois l'or, l'argent et les émaux qui composent cette
 œuvre d'orfèvrerie. On se demande comment, sur le métal, l'artiste
 a pu produire des effets aussi harmonieux de tons et de couleurs?
    D'un autre côté, jamais un objet de cette nature n'a été mieux
 approprié à sa destination. C'est bien là le symbole de la paix, ce
 bâton pastoral, que l'olivier entoure de ses rameaux et de ses fleurs
 aux blanches corolles, où la colombe aux allés éployées semble
 s'élancer de l'intérieur de la volute, comme pour porter au loin ce
 rameau pacifique dont les festons s'étendent autour d'elle, pendant
qu'autour du chapiteau qui couronne la hampe, un serpent enroule
ses anneaux d'argent merveilleusement nuancés, et semble épier,
attentif, un ennemi caché.
    Ce rameau d'espérance et de paix, ce contraste entre la douceur
de la colombe, et la prudence du serpent légendaire, tout cela ne
forme-t-il pas le poème le plus original et le plus gracieux? Soyez
prudents comme les serpents, et simples comme les colombes :
Eslote prudentes sicut serpentes et simplices sicut columbœ. Et cette
légende évangélique, qu'on lit sur le bâton de la crosse, achève de
nous révéler la pensée de l'artiste.
   Au-dessus de cette inscription sont gravées les armes de Monsei-
gneur Thibaudier qui sont : D'azur, aw livre des saints Evangiles
d'or, accompagné de deux épis de blé et d'un rameau de vigne du
même, au chef d'or chargé d'une croix tréflée de gueules. Ces armes
sont accompagnées du sceau-monogramme de l'Institution des
Chartreux, qu'entoure le verset suivant du psaume 118, dédicace des
donateurs : Dilexi mandata tua super aurum et topazion.
   La crosse de Monseigneur Thibaudier est donc une œuvre d'orfè-
vrerie des plus remarquables, et l'on doit l'ajouter à la liste de tant
d'objets d'art, d'une si rare perfection, dont M. Armand-Calliat a
dejàjenrichi les principaux sanctuaires de France.
   C'est aussi à l'un de nos sanctuaires les plus vénérés que doit